Connaissez-vous la vallée de Josaphat ?
Si vous me posez la question, ce n’est pas cette vallée magnifique près de Jérusalem et du mont des Oliviers en Israël qui me vient à l’esprit, une vallée que je ne connais pas d’ailleurs.
Ce qui m’arrive tout de suite, c’est la «craque» de ma grand-mère.
Valéda, le seule de mes grands-parents que j’ai connue, les autres étant décédés, portait toujours un petit mouchoir de fantaisie, à l’occasion parfumé, qu’elle plaçait dans sa «vallée de Josaphat».
On dira «pur mot inventé par elle». Non, non, non. Mon amie Christiane Loubier, linguiste, vient d’en trouver trace en France dans un dictionnaire remontant à 1808. «Pour dire le gosier, la gorge.» Cette expression fut assurément apportée de France. Nos Filles du Roy, les coquines, savaient donc probablement garder dans leur vallée de Josaphat de petits mouchoirs semblables, mais les leurs, affriolants.
Les Québécois de langue française, comme les Acadiens, ont su conserver tout un bagage de mots, un véritable patrimoine, que certains linguistes jugent aujourd’hui poliment archaïque, quand ils n’osent pas dire abâtardi, un patrimoine qui nous vient du grand siècle, le 16e.
Collectivement, nous avons la responsabilité de préserver ces mots, par l’usage courant en particulier, et non de les dénoncer comme soudain mal venus.
Dites, suis-je le premier à avoir entendu cette expression ?
Je me souviens d’avoir entendu l’expression lorsque j’étais toute jeune mais je n’aurais pas pu situer cette vallée de Josaphat …
Ah, merci beaucoup, chère Marielle ! Ça courait donc encore dans nos campagnes ! Que j’aime !
Quelle belle expression. C’est à retenir. Ca me fait penser au film le Patient anglais qui est repassé récemment à la télévision. Le patient (dont le nom est D’olmatie dans le film) nomme le « détroit d’Olmatie» le creux dans la gorge de son amoureuse. Par la suite, son ami lui dit qu’il s’agit de la fourchette sternale (moins poétique). Tout çà est est juste un peu plus haut que la vallée de Josaphat.
Salut Jean et bonne année
C’est beau, cher Louis, le détroit d’Olmatie pour la gorge de son amoureuse ! Je serais moins chaud pour la fourchette sternale, vraiment rien à faire rêver. Manifestement, son ami n’était pas poète.
Salut, cher Louis, et bien belle année à toi et aux tiens !
J’ai bien pensé à toi avec le décès de Jean-Paul. Nous avons perdu l’allié précieux que nous avons eu pour la place du Printemps 1918, coin Saint-Joseph, Saint-Vallier et Bagot, et la magnifique création d’Aline Martineau à cet endroit.
Ne lâche pas, cher ami !
J’aime bien votre référence au petit mouchoir. La voisine, dans la Beauce, le gardait aussi dans la vallée.
Tous ces mots et ces expressions du vieux français méritent une plus grande diffusion. Le détroit d’Olmatie, c’est superbe!
Christiane
Merci à Vous, chère Christiane, de cette trouvaille du dictionnaire de 1808 ! Il faut conserver ces mots venus de bien loin, une partie de notre héritage, diable ! Et mon ami René vient de me dire que sa marraine, à Frampton, bien corpulente, parlait aussi de sa vallée de Josaphat, où reposait son mouchoir, bien au chaud.
Oui, une grande perte pour Québec le décès de Jean-Paul l’Allier. Dans le journal de Québec ou le Soleil, je lisais un commentaire de Serge Viau, ex-haut fonctionnaire à la ville, qui parlait des places publiques ou parcs aménagés sous Jean-Paul l’Allier, de la plus petite, la place de la FAO, à la plus grande, le parc linéaire de la rivière St-charles, disait-il. Mais je crois que M. Viau se trompe, la plus petite place publique c’est la place du Printemps 1918.
Coudonc, on nous a encore oublié! Mais tu le dis bien: on lache pas.
Louis Bélanger
Faut tenir, faut tenir, cher Louis ! Je me rappelle aussi de l’archiviste Ginette Noël qui nous avait dit «Battez-vous, Jean, battez-vous pour un monument à la basse-ville. À la haute-ville, on s’enfarge dans les monuments et il n’y en a pas à la basse-ville.»
Et vive les séduisantes vallées de Josaphat !
Vallée de Josaphat : lieu où les morts ressusciteront, selon la bible. Une vallée de la résurrection. Pas étonnant que plusieurs rêvent de ce lieu de ce lieu de vie éternelle.
Christiane
Vallée de rêve, de rêve ! Enfin le bonheur sans limite ! On s’y perdra ! Pas à perdre notre âme, on aura gagné notre ciel !!!! Imaginez !!!!!
Bonjour M. Provencher,
Vous me faites découvrir un autre usage de « la vallée à Josaphat ». L’origine est évidemment dans le livre du prophète Joël. Moi, j’ai connu la vallée à Josaphat dans le Rang Saint-Gabriel à Sainte-Marie-de-Beauce dans les années 60-70. C’était un très très petit vallon, caché par des arbres, sur le terrain d’un de mes oncles cultivateurs et que celui-ci utilisait comme dépotoir. C’était de l’humour paysan à son meilleur, dans lequel l’allusion biblique liée à la fin du monde n’était nullement perdue. Mon impression est que dans cette région rurale de la Beauce, la « vallée à Josaphat » était alors un nom commun synonyme de dépotoir.
R. Perron
Montréal
Ô merci beaucoup, Monsieur Perron ! Ça donne vraiment le goût de prendre la route pour aller photographier cette vallée de Josaphat du rang Saint-Gabriel !
P. S. Les vallées de Josaphat, si peu accentuées soient-elles, ne me déplaisent pas, vous savez. :-)