Pan Perdu, le chien de Frédéric Mistral
Durant les années 1890, le jeune journaliste Jules Bois rencontre l’écrivain Frédéric Mistral (1830-1914), à sa demeure de Maillane, dans les Bouches-du-Rhône. Du texte de cette entrevue parue dans le quotidien montréalais La Patrie du 29 août 1896, arrêt sur le chien de l’homme de lettres provençal.
La conversation, tandis que le soir tombait, glissait au mysticisme. Mistral parlait maintenant du «Serpent» du Rhône, du dieu monstrueux qu’autrefois on entrevoyait accroupi dans l’herbe des berges et qui, aujourd’hui, devant la locomotive et l’homme moderne s’évanouit.
Un chien noir tourbillonna autour de nous.
«Nous l’avons appelé «Pan Perdu». C’est un petit vagabond, un chien sauvage qui n’a plus voulu me quitter dès qu’il m’a vu. Il y avait des chiens de cette race autour de Buffalo Bill à Paris.»
[William Frederick Cody, dit Buffalo Bill (1846-1917), figure mythique de la conquête de l’Ouest américain, chasseur de bisons, dirigea une troupe de théâtre populaire qui se produisit même à Paris. L’homme portait un chapeau à larges bords, comme aimait en porter Mistral.]
Et avec un sourire de bonhomie :
«À ce qu’il paraît que je lui ressemble, à ce Buffalo Bill. À Paris, quand je passais sur le boulevard avec mes longs cheveux et mon chapeau aux ailes larges : Tiens, Buffalo ! disait-on auprès de moi. Ce chien aussi a dû se dire : Tiens, Buffalo ! — et il est resté…
«Maintenant, qui sait quelles âmes dorment au fond de ces bêtes que nous dédaignons, plus bêtes qu’elles…
«Je puis vous dire cela, à vous, qui êtes un mystique. Il nous est arrivé une bien étrange aventure avec ce chien. — Ma femme et moi, nous étions entrés dans le cimetière et avions soigneusement refermé la porte sur «Pan Perdu». Or, quel fut notre étonnement, lorsqu’arrivés près de la tombe de mon père, nous trouvâmes «Pan Perdu» qui nous avait devancés et qui pleurait en doux aboiements, avec ses sanglots de chien.
«Comment avait-il pu se diriger là ? Nous n’étions pas allés porter des fleurs à mon père depuis que «Pan Perdu» s’était attaché à nous…»
La photographie de Mistral provient du site Notre-Dame de Chrétienté.
Voici Mistral et son chien Pan Perdu. L’image provient du site Les chiens et leurs humains.
Que d’erreurs dans ce texte y compris l’image publiée qui représente Mistral en février 1914 avec l’un de ses 2 derniers chiens : Barbocho.
Merci à vous de ces précisions.