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Un autre poème, comme il est coutume dans la presse québécoise de l’époque

Celui-ci est de Louis-Joseph Doucet, un gars de Lanoraie.

 

Paysage d’antan

Un vol de corbeaux envahissait la plaine.

De leurs croassements sur les labours nouveaux,

Ils agaçaient l’écho de la forêt prochaine

Qu’ensanglantait le ciel de lumineux lambeaux ;

 

Car le soleil meurtri se couchait dans sa gloire

Et semblait au lointain un œil agonisant.

Les bœufs paissaient encore autour des roches noires,

Et le semeur semait le bon grain, en passant.

 

Et peu à peu la nuit se fit rêveuse et belle,

Répandant son mystère alangui sur les bois ;

Et les corbeaux, cachés sous la feuille nouvelle,

Éteignirent enfin leur misérable voix…

 

L’astre des nuits berça sa chimère attendrie

Au sein du lac frangé de quenouille et de jonc ;

L’universelle paix hanta ma rêverie ;

Mon âme se remplit de silence profond.

 

Soirs de mai ! soirs de mai qui parfumez la vie,

Le long de son chemin de ciel et de lilas,

Vous étanchez parfois la soif inassouvie

De l’âme qui vacille au gré des vents, hélas !

 

Louis-Joseph Doucet.

De l’École littéraire.

Extrait de « La Jonchée nouvelle » en préparation.

 

La Patrie (Montréal), 2 janvier 1909.

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