« La chanson des peupliers »
De Camille Soubise (1833-1901), chansonnier et poète né à Bruxelles et décédé à Paris.
1
Le soir descend sur la colline,
La lune monte dans les cieux
Et les bois fleuris d’aubépines
Sont pleins de bruits harmonieux !
Quelle est cette voix qui soupire,
Dans la brume, au déclin du jour ?
On dirait une immense lyre,
Préludant à des chants d’amour !…
Le vent souffle dans les ramures,
Dans les genêts, dans les sentiers.
Refrain
Entendez-vous ces doux murmures,
C’est la chanson des peupliers !
C’est la chanson des peupliers !
2
Voici le chœur errant des brises,
À leurs accords il vient s’unir,
Se mêlant aux voix indécises
Des soirs d’été près de finir !
La nuit a déployé ses voiles,
Les peupliers pleins de frissons,
Vont à la lueur des étoiles
Moduler leurs frêles chansons !
Entendez-vous ces doux murmures, etc.
3
J’entends au fond de la vallée
Les peupliers causer entre eux…
La lune un instant s’est voilée,
Tout redevient silencieux !
Mais un murmure au loin s’élève,
Plus doux que le son du hautbois…
C’est peut-être l’oiseau qui rêve,
Qui rêve à la fraise des bois !
Entendez-vous ces doux murmures, etc.
4
J’ai pour amante la nature,
Qui fait parmi les verts roseaux,
Couler la source fraîche et pure,
Où boivent les petits oiseaux !
C’est elle qui, sur les bruyères,
Égrène les papillons bleus,
Et fait chanter dans les clairières
Les peupliers mélodieux !
Entendez-vous ces doux murmures, etc.
Albert Turcotte, Répertoire des cafés-concerts, Montréal, Albert Turcotte éditeur, 1901, p. 8s. Il s’agit ici d’un remarquable petit ouvrage, sans prix, de 64 pages. Je possède cette œuvre depuis plus de 40 ans, apparue je ne sais sur quel chemin. Mais, à l’intérieur, s’y trouve cette image en sépia, lointaine (voyez ci-bas). Rien au verso, cependant ma main au feu qu’il s’agit d’Albert Turcotte, jeune, devant un harmonium.
Qui fera un jour l’histoire de la chanson de langue française dans la région de Montréal en 1900 devra posséder ce petit livre. On y retrouve ce qu’on y chantait et ce qu’on y entendait çà et là, même « Les étudiants de Montréal », « À Maisonneuve » et « Votr’ petit chien madame ». Chère jeune historienne, cher jeune historien, il n’est pas vrai que nous avons tout fait, nous vous avons beaucoup laissé. Et chaque génération pose au passé ses questions nouvelles, vous imaginez le travail qui vous attend ?
Ce texte de Soubise fut mis en musique par Frédéric Doria. Subise et Doria ont aussi composé La Chanson des blés d’or, magnifique.
On trouvera sur ce site une biographie de Camille Soubise, qui repose au Père Lachaise.