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Des nouvelles d’Anne-Marie

chardonnerets-jaunes-butinantElle et son amoureux Heinz, venus de la Suisse allemande, ont fait le choix du Québec en 1969. Ils vivent à la campagne, ont le plus grand respect de la vie, cultivent bio, hébergent des animaux pour autrui, et quoi encore. Heinz fabrique même du jus de pomme, d’arbres non arrosés. Complètement santé.

Vous vous souvenez de ces amis. De la belle Rosie qu’ils gardent en pension. Des ouaouarons qui se prélassent dans leur fosse à purin désinfectée et comblée maintenant d’eau du ciel. De la pleine lune sur Dosquet un soir d’été. Il y a de ces vies qui enrichissent à leur contact.

Avant-hier, Anne-Marie s’inquiétait un brin de ses ouaouarons. «Je ne les vois plus.» «Mais allez, encore pleins du soleil des derniers mois, ils ont plongé pour l’hiver.» «Vous croyez ? Déjà ?» «Chez moi, je ne vois plus mon marmotte et sa marmotte depuis une semaine. Je me demande s’ils ne sont pas entrés, partis s’aimer un peu, avant le long sommeil de l’hiver. Mais mes tamias, eux, sont toujours là, s’activant. Goûter le plein air jusqu’à la fin du premier versant de l’année.»

Une des passions d’Anne-Marie est la photographie. Jouer à arrêter, pour un instant, le temps qui passe, lui figer le portrait.

Elle m’envoie ces trois images. Voyez ces Chardonnerets jaunes occupés à butiner dans ses fleurs en train de la quitter. Rappelez-vous mes oiseaux qui se gavaient plus tôt des graines de pissenlit. La fin des fleurs nourrit la vie.

Votre belle araignée, chère Anne-Marie, qui n’apparaît, me disiez-vous, en plein centre de sa toile que le noir de la nuit venu, est l’Épeire diadème. Peut-être cousine de la mienne,  mon Argiope aurentia. La page Wikipédia qu’on consacre à la vôtre dit que, très commune en Europe et en Amérique du Nord, elle vit un an, se reconnaît facilement au dessin en forme de croix sur son abdomen, et jamais ne répare sa toile, préférant plutôt la refaire à chaque matin.

Et puis vous êtes bien chanceuse d’apercevoir à ce temps-ci de semblables couchers de soleil de la fenêtre de votre cuisine, de pareils sonnenuntergangs, comme vous me dites. Ça prédispose à la nuit.

Merci beaucoup.

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