Hommage à Antoine Gérin-Lajoie
Le journaliste et écrivain Antoine Gérin-Lajoie (1824-1882) décède le 4 août 1882. Nous savons qu’il est l’auteur d’un certain nombre d’ouvrages. Mais ce qui me fascine, c’est qu’il ait écrit, à l’âge de 17 ans, étudiant au séminaire de Nicolet, la très belle chanson Un Canadien errant, à mes yeux la plus belle chanson québécoise.
Dans la biographie du personnage parue dans le Dictionnaire biographique du Canada, le sociologue Jean-Charles Falardeau écrit à ce sujet : Dès l’âge de 15 ans, il commence à rimer. À la mémoire des Canadiens déportés en Australie à la suite des rébellions de 1837 et 1838, il compose, un soir, alors qu’il est en classe de rhétorique (1842), Un Canadien errant, sur l’air de Par derrière chez ma tante, qui est aussitôt chanté par tout le collège. Cette chanson fera le tour du Bas-Canada [le Québec d’alors] et demeurera une des complaintes les plus solidement inscrites dans le répertoire spontané du Québec.
Lors du décès de Gérin-Lajoie, le journaliste, écrivain et avocat Alfred Duclos DeCelles lui rend hommage dans l’hebdo montréalais L’Opinion publique du 24 août 1882. Et l’auteur revient, entre autres, sur cette chanson qui connaît déjà une grande audience. Il écrit :
«M. Lajoie a quelque peu sacrifié aux muses. Il a écrit une tragédie qui est surtout remarquable, parce qu’elle était l’œuvre d’un écolier de 17 ans. Son Canadien errant, peut-être le chant le plus populaire du pays, n’est qu’un sanglot patriotique que lui arracha la vue de son «pays malheureux» aux jours de 1837. On raconte que ces strophes mélancoliques lui furent inspirées par le spectacle de ses compatriotes partant pour l’exil à la suite des malheureux événements de cette époque.»
Les Acadiens ont adapté la chanson à eux-mêmes, en changeant simplement le mot «Canadien» par «Acadien». Avec raison, car, chez eux, c’est tout le peuple qui fut victime d’errance lors du Grand dérangement de 1755. À la Fête nationale des Acadiens cette année, le 15 août, dont le spectacle se tenait à Baie-Sainte-Marie, en Nouvelle-Écosse, le compositeur et chanteur Marcel Aymar, originaire de l’endroit, interprétait «Un Acadien errant». Voici une version. Dans les images qu’on propose, apparaît soudain ma belle grand-mère acadienne, Rose Breault, ses enfants d’alors (car elle en a eu d’autres), et mon grand-père, son époux, Rodolphe Provencher.