Un pur bonheur vécu aujourd’hui
Soudain, à grands cris répétés, les corneilles, jamais tant heureuses au cours d’une année, dirait-on, sont accourues au-dessus de mes grands peupliers baumiers, pour faire une noce. L’heure était vraiment à la joie.
Rappel de mon enfance, je n’ai pu m’empêcher de crier, à voix basse, à voix basse pour ne pas apeurer les autres oiseaux aux mangeoires sur mon terrain : « Un mariage pour moi ! »
Comment ? Vous ne connaissez pas ces mariages ? Voici ce que j’écris dans mon livre Les Quatre Saisons dans la vallée du Saint-Laurent :
Au mitan de l’été, quand les petits sont élevés, les corneilles se regroupent en sociétés. Il n’est pas rare alors d’être témoin de ce que les cultivateurs appellent les « noces de corneilles ». Par centaines, volant en tout sens au-dessus d’un arbre, elles se livrent à des cris qui deviennent vite assourdissants. Puis, après quelques minutes de ce manège, la bande entière se pose sur les branches. Les enfants de la vallée, témoins de ce spectacle, ont coutume alors de s’écrier : « Un mariage pour moi ! ».