Bien heureux d’une trouvaille
Un de mes bouquinistes vient de repérer pour moi Les Petits chevals amoureux de Michel Garneau. J’aime beaucoup Garneau, créateur, et je cherchais depuis longtemps ce livre de poèmes de lui.
Michel a accompagné toute la génération des gens de mon âge. En écrits [depuis 1962 !], au théâtre, en musique aussi, et à la radio.
Écoutez ses disques, par exemple, sur l’étiquette Le Tamanoir. Remémorez-vous ses échanges à la radio de Radio-Canada avec Armande Saint-Jean dans La Grand’jase.
Dans ses terres, il écrit toujours et surtout dessine en ce moment, me dit-il. And he is alive and well.
Allez. Extrait de ses petits chevals amoureux :
pour chanter à tue tête en auto
les mouches à feu montrent leu babines bleues
les orignaux s’donnent des becs dans l’ruisseau
les grands beux beiges s’abrillent avec la brume
les ouaouaouarons chevauchent les achigans
les mouches à marde s’évachent dans les roses
les écureux jousent à la noix piquée
les ratons laveurs fourirent dans les blédindes
les ptits chevreux grimpent dans les pans de l’aube
les oiseaux mouches picochent le soleil
les chardonnerets se passent des sapins
les mulots roux aiguisent leurs tits couteaux
les esturgeons jompent sur le fond de l’air
les barbottes molles se lissent les pleumats
les ourses noires chantent la pomme aux abeilles
les marmottes grasses partent des dansent rondes
les étourneaux engueulent les poteaux
les corneilles vieilles ont du frimas plein l’dos
les lièvres gripettes tapochent les champignons
les blancs caplans mangent de l’arc en ciel
les tamias rayés s’épivardent dans rhubarbe
les morues bretteuses rêvent tout haut même en mourant
les r’nards tout rouge ont de longs cous très doux
les taons pas barrés font des tours de cerfs volants
les loups d’amour pigrassent dans les fougères
les goélands s’méfient de tout très haut
les éléphants ailleurs voltigent fleurs à la trompe
les fous d’bassan s’enlèvent le pain d’la bouche
les carcajoux se saoulent au désespoir
les épinoches grignotent la barre du jour
les ptits oiseaux transportent l’éternité
les ptits oiseaux transportent l’éternité
les ptits oiseaux transportent l’éternité
Michel Garneau, Les Petits chevals amoureux poésie, Montréal, VLB éditeur, 1977. L’illustration de la couverture est de Michel Garneau, la maquette, elle, est de Mario Leclerc.
Michel fut traducteur d’écrits de Leonard Cohen et bon camarade.
Salut, cher Michel !
Le voici en entrevue.
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