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Retour sur « Éclats » de l’écrivaine Chantale Gingras

Vous avez beaucoup aimé le premier billet. Plus de 200 personnes y ont accolé un « J’aime », voilà presqu’un mois. L’auteure travaille selon le mode japonais du haïku, très légèrement modifié.

Elle précise toutefois que ses haïkus obéissent à cette loi immuable : faire entrevoir le merveilleux tapi dans l’ordinaire. Pour elle : C’est un espace où l’on s’offre le cadeau du silence dans un monde tapageur. Alors il faut lire lentement. Et respirer.

Elle classe ses petits poèmes en trois thèmes : La nature, Les choses et L’humain. Ouvrons ses pages sur L’humain.

 

Dans le poing serré

du nouveau-né

s’étouffe un secret

 

Je danse et soudain

mon corps

épouse l’air

 

tes souffles

sur ma peau

le printemps

 

sur mon épaule

un cheveu

un peu de toi

 

un rire d’enfant

perce

l’ordinaire des jours

 

mon corps

rescapé

s’enfuit sous la couette

 

mes cheveux

tombent partout

je m’éparpille

 

dans le regard du nouveau-né

la magie

des recommencements

 

leur amour

un été

en octobre

 

dos au soleil

j’avance vers la mer,

grandie

 

dans le hamac

je me love

en moi-même

 

la rumeur

dans les cafés

une seule voix

 

éclat de rire

l’âme

respire

 

se balancer et

en une seconde

retrouver l’enfance

 

les cils

ombrelles

des regards

 

une mère

et ses enfants —

un jardin

 

tes cheveux au vent

ta joie

sort de toi

 

Chantale Gingras, Éclats, haïkus, Longueuil, L’instant même, 2020, 123 pages.

J’ai fait cadeau de ce petit livre-merveille à quelques personnes que j’aime. Vous en avez ici quelques pages. L’ouvrage se trouve chez tout bon libraire éveillé, en espérant, bien sûr, qu’il a un service de livraison.

4 commentaires Publier un commentaire
  1. Merci, merci, merci !

    31 mars 2020
  2. Jean Provencher #

    Cordiales salutations à Vous, chère écrivaine. J’espère pour Vous un confinement calme et créateur.

    31 mars 2020
  3. Cordiales salutations à vous, ami de la Nature.

    Mon confinement est en effet calme et créatif, je cuisine, je marche et j’écris, avec les enfants autour de moi et dehors la Nature qui s’éveille.

    Il me semble que le haïku est ce qu’il y a de plus proche de ce qu’on ressent tous actuellement, cette interruption imprévue qui force un ralentissement nécessaire, comme si la Vie nous happait, comme si une main invisible avait actionné le frein d’urgence de nos vies qui filaient comme un train hors ses rails.

    On est déboussolé, presque sonné, forcément, mais déjà ce rythme qu’on apprivoise nous fait autres. Ça fait un bien fou de se déposer. Et de revenir aux beautés essentielles.

    Bon et doux confinement contemplatif à vous !

    7 avril 2020
  4. Jean Provencher #

    Merci infiniment, chère Vous. C’est bien vrai que le haïku peut être une bien belle forme pour exprimer ce que nous vivons en ce moment incroyable. Et Vous avez bien raison, ça nous apprivoise à autre chose. J’espère que nous saurons modifier notre vie en conséquence, ma foi.

    Moi, je file à la campagne une journée sur deux pour aller nourrir une chatte ensauvagée qui est là depuis 19 mois maintenant. Elle m’a appris beaucoup, car elle est venue de bien loin pour être ce qu’elle est aujourd’hui. Bien sûr, elle n’est plus ensauvagée avec moi cette Juliette, mais elle l’est demeurée pour toute autre personne qui se présenterait.

    Merci beaucoup de vos mots. Que toute la famille chez-Vous soit aux anges.

    7 avril 2020

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