Réflexions d’Anise Koltz
Si vous fréquentez ce site, vous savez déjà qui est cette dame. Luxembourgeoise. 90 ans. Prix Goncourt de la poésie 2018. Déjà, nous nous arrêtions à ses réflexions le 24 mai, le 11 juin et le 16 octobre 2018.
Attardons-nous à nouveau.
J’ignore
si je vis encore
Ou si ce n’est que mon nom
qui circule
léger comme une brise
Je ne connais
ni ma destination
ni mon point de départ
Le temps futur
est devenu le présent
le présent
le passé
Chaque jour
est une addition
qui me trompe
* * *
J’ai porté un autre nom
avant ma naissance
Qui m’appelait ?
Ma mémoire a été lavée
comme un tableau noir
* * *
Le vent
Le vent
rôde parmi les arbres
Il déplace le temps
en sifflant.
* * *
Je t’aime
Je t’aime
parce que ton amour
inventé pour voler
est un faucon
qui s’est posé sur mon poing
* * *
La lune
J’arrête la lune
dans sa course
Je la fais entrer en elle
je la confine
dans sa forme de croissant
Que je croque
au petit matin
* * *
Le silence
contient les plus beaux poèmes.
Anise Koltz, Somnambule du jour, Poèmes choisis, Paris, Gallimard, nrf, 2016.