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Quelle histoire ! Ça brûle partout !

Et la ville de Montréal en voit les effets.

Vers 1 heure hier après-midi, un brouillard jaune sale descendit sur la ville et la campagne, noyant tout dans son opacité ouateuse.

Le vent qui avait été assez fort dans l’avant-midi tomba presque subitement et la chaleur qui ne s’était presque pas fait sentir devint lourde, tandis qu’une odeur de bois brûlé imprégnait l’air. Un poussière grise impalpable voletait, couvrant les habits, les chapeaux, d’une couche légère, s’infiltrant à travers les voilettes, échauffant les yeux, entrant dans les poumons.

On s’attendait d’abord à une tempête, mais il fut bientôt clair que les bois brûlaient à travers la province.

L’obscurité était presque complète. Dans un grand nombre de bureaux, il fallut allumer les lampes électriques et les becs à gaz et, sur la rue, il était à peu près impossible de lire un journal.

Cette opacité jaune trouée çà et là par des taches nébuleuses qui étaient de la lumière artificielle donnait une impression de tristesse désolée, on se serait cru dans un immense catafalque.

Vers 4 heures, le voile commença à se lever un peu, mais sans se dissiper tout à fait. On pût voir plus loin, mais on vit encore jaune. L’air toujours immobile était devenu plus frais sans qu’un souffle l’ébranlât.

Les rumeurs de villes, de villages, de bois en feu ont circulé partout et la plupart étaient vraies.

À Côteau-Landing, à Valleyfield, à Shawinigan, au Nord de Québec, dans les villages qui bordent la voie du chemin de fer, les flammes font rage. […]

Les trains de Montréal-Labelle et ceux du Lac Saint-Jean ont interrompu leur circulation.

Les lignes télégraphiques et téléphoniques sont coupées.

Les plus graves nouvelles nous viennent de Shawinigan, qui est menacé de destruction complète.

À Ottawa, à Québec et un peu partout, l’obscurité a été telle qu’on a dû avoir recours à la lumière, tout comme au beau milieu de la nuit.

Que surviendra-t-il demain ? C’est ce que tout le monde se demande avec anxiété.

La moindre tempête de vent pourrait embraser toute la province de Québec.

 

Et le journal poursuit par la suite, longuement, la visite des communautés qui brûlent.

Le Canada (Montréal), 4 juin 1903.

Il est étonnant de constater que, très rarement, depuis 170 ans, lors de semblables grands incendies par temps sec, on a évoqué la possibilité que le chemin de fer, crachant des étincelles, en soit responsable.

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