D’autres épiphanies s’ajoutent
L’été des papillons n’a de cesse. Celui-ci a choisi la galerie, à l’ombre par ce jour chaud. Il ne quitte même pas en ma présence. Allant remplir les silos de tournesol, il me faut prendre garde de ne pas l’écraser.
C’est le Morio (Nymphalis antiopa, Mourningcloak Butterfly) présent à plusieurs endroits sur Terre, même à Madagascar, en Birmanie, en Australie et en Arabie Saoudite. Et le voici chez moi.
L’entomologiste Louis Handfield l’aime beaucoup. Dans son guide d’identification Les Papillons du Québec (Broquet, 2011), il le dit très commun dans ma région. Il préfère les sentiers, les clairières, les lisères de forêts ouvertes mixtes ou décidues et les boisés en général. Bien plus, il ne craint même pas les milieux urbains.
«Souvent un des premiers papillons diurnes à être aperçu au début du printemps, écrit Handfield, puisqu’il passe l’hiver à l’état adulte. Il peut être récolté en plein cœur de l’hiver, sous les écorces des arbres morts; il reprendra vie dès qu’il sera bien au chaud dans la maison où il peut vivre longtemps (plus de dix mois) se contentant d’un morceau de pomme et d’un peu d’eau sucrée. Un papillon domestique !»
«Le papillon adore lutiner dans les bois au printemps, alors que les feuilles ne sont pas encore écloses; il se pose alors souvent sur les troncs abattus pour prendre ainsi les ailes ouvertes les chauds rayons du soleil printanier. Il est alors très visible, faisant une belle tache mauve brillante, se découpant sur le brun des feuilles sèches jonchant le sol tout autour. C’est un papillon qui sait conquérir les cœurs.»
Puis Handfield, tout en nous recommandant qu’il faut lire ce livre absolument, cite l’ouvrage de Laurent Schwartz, Un Mathématicien aux prises avec le siècle (Paris, Éditions Odile Jacob, 1997, p. 24) :
«Il est par sa forme et son vol d’une infinie noblesse : un long vol plané, puis quelques coups d’ailes. (…) Son vol est celui d’un prince, un prince de haut rang, vêtu de ses plus beaux atours, qui se déplace avec majesté. J’ai vaguement la sensation qu’il sait parfaitement qu’il est de haute lignée, qu’il est un roi, ou une grande dame de soie noire, avançant lentement, entourée d’un parterre d’admirateurs.»
Pour en savoir plus long sur le Morio, voir ce billet-ci et cet autre.
Bien intéressant ce papier sur le Morio. J’avoue découvrir ce papillon ce matin, Jean. Pas certaine que j’aurai l’occasion de le voir un jour ‘en vrai’, mais j’essaierai certainement de le reconnaître le cas échéant.
Il est très beau.
Et il passe l’hiver caché quelque part, pour réapparaître au printemps.