Hourra pour Eugène Tremblay !
En avril 1905, pendant une semaine, se tient à Montréal, au parc Sohmer, haut lieu du divertissement, un grand tournoi international de lutte. Un Québécois l’emporte. Le 29 avril, sous le titre «Le champion de l’univers à la lutte», le quotidien montréalais La Patrie exulte.
Le tournoi qui vient de se terminer a mis en notre présence tout ce que l’Amérique comptait de célébrités en fait de lutteurs.
Les combats acharnés, qui se sont entrepris durant la semaine, ont provoqué plus d’une fois l’enthousiasme délirant de la foule qui n’a cessé une seule fois d’accourir nombreuse à chaque séance et d’applaudir selon leur mérite tous les concurrents, sans distinction de race et de nationalité.
Tous les lutteurs ont fait preuve d’une grande énergie et d’autant de compétence dans les luttes vaillantes qu’ils eurent à soutenir; aussi devons-nous féliciter vainqueurs comme vaincus sur les exploits homériques qu’ils ont su accomplir durant ce tournoi.
Les Canadiens français notamment ont su démontrer è l’évidence qu’ils étaient fort et puissants et, bien que n’ayant jamais eu comme la plupart de leurs adversaires des professeurs de haute réputation pour leur enseigner la manière la plus sûre de tomber un homme d’une façon éclatante, ils n’étaient pas des quantités négligeables.
Si quelques-uns d’entre eux n’ont pu réaliser toutes les espérances qu’ils étaient en droit d’avoir, il en est un autre qui a su relever glorieusement leurs défaites en triomphant envers et contre tous ses adversaires petits et grands, faibles et petits. Eugène Tremblay, dont le nom restera gravé dans notre mémoire à titre du plus célèbre lutteur des temps modernes, fut le pilier national sur lequel reposait toute notre ambition, tout notre orgueil.
Le vaillant athlète, qui eut un jour le malheur de faillir à sa tâche, eut à cœur de reconquérir avec honneur dans ce tournoi les lauriers qu’il avait perdus jadis, et c’est avec tout le courage, la persévérance et l’énergie qu’on lui connaît qu’il envisagea la situation critique dans laquelle il se trouva, pour redevenir ce qu’il était durant si longtemps le champion des lutteurs de son poids.
Nous nous faisons donc un réel plaisir de proclamer une fois de plus Eugène Tremblay, notre compatriote, le champion du monde à la lutte.
Deux mois plus tard, le soir de la Saint-Jean, veille de son mariage, les amis d’Eugène Tremblay lui faisaient un enterrement de vie de garçon.
La photographie d’Eugène Tremblay est parue dans L’Album universel (Montréal) du 25 avril 1903. On la retrouve sur le site de la Bibliothèque et Archives nationales du Québec au descripteur «Tremblay, Eugène».