Salut, Steve Howard
Dans une vie, il y a soudain des personnages à distance que nous aimerions beaucoup rencontrer, histoire d’une jasette. Celui-ci en est un pour moi. Steve Howard, son nom.
Par ailleurs, peut-être vous souvenez-vous que je vous disais que mon fils et moi avions lancé dans le fleuve Saint-Laurent, en face de Québec, de 1974 à 1976, quelque 450 bouteilles contenant un message. Je précisais que nous étions alors quelques mois avant le lancement dans l’espace en 1977 de la sonde Voyager I. Pendant plusieurs années, ce fut le plus formidable exploit technologique à ce jour.
Cet homme, attablé à Pasadena devant deux écrans d’ordinateur, photos de famille tout près, travaille pour le Jet Propulsion Laboratory de l’Institut californienne de Technologie. Âgé de 65 ans, il est chargé de mission, mission controller dit la NASA.
Depuis bientôt 40 ans, il veille aux bons soins des deux sondes identiques Voyager I et II, à 12 milliards de milles de la Terre, s’échappant du système solaire à la vitesse d’un million de milles par jour.
Par l’intermédiaire d’une station de Canberra, en Australie, il connaît, par exemple, quel était le pouls de Voyager I, voilà 17 heures. Car il faut 17 heures pour que le message de la sonde nous parvienne.
Les ordinateurs des Voyager, imaginés au début des années 1970, sont désuets. Celui d’un téléphone intelligent iPhone est 200 000 fois plus rapide et dispose d’une mémoire 250 000 plus grande. Mais cette quincaillerie, conçue alors pour fonctionner durant quatre ans, répond toujours malgré des froids de moins 253 celsius dans la Voie lactée.
Comme pour une bouteille à la mer, le scientifique Carl Sagan a conçu les messages contenus dans les sondes. On y trouve un disque de cuivre plaqué or avec la cartouche et l’aiguille pour pouvoir l’écouter, 115 photographies de la Terre, des bruits naturels comme le chant des baleines, des musiques de cultures et d’époques différentes. Même Johhny B Goode de Chuck Berry est disponible. On pourra y entendre des extraits de 55 langues.
Sagan savait que cela tenait de la bouteille à la mer. Il avait déclaré : The launching of this bottle into the cosmic ocean says something very hopeful about life on this planet.
On croit qu’il se peut que tous les pionniers qui ont travaillé à cette opération durant les années 1970 soient décédés avant que les sondes Voyager ne se taisent. Et s’il vous est donné, chanceuse-chanceux que vous serez, de rencontrer Steve Howard avant moi, je vous prie de le saluer de ma part.
Vous savez lire l’anglais, précipitez-vous alors sur ce riche article du journaliste Jonathan Margolis paru dans le Guardian d’aujourd’hui, d’où vient d’ailleurs la photographie de Steve Howard.
Une trouvaille, encore une fois, de mon fils. Merci, cher Sébastien.
On devrait envoyer nos ipods, ce serait mieux (dit ma fille). Et moi, qui suis de la génération de Voyager, me sens bien antique.
Merci beaucoup, chère Caroline. Les iPods prendraient l’eau, non ?
Et mon fils me disait tout à l’heure qu’il avait été très marqué par Voyager. Carl Sagan est vraiment arrivé à nous faire réfléchir sur l’au-delà bien lointain.