Soirée d’élections à Lowell, Massachusetts
En 1900, la presse québécoise s’intéresse grandement aux Franco-Américains, les «frères» qui habitent la Nouvelle-Angleterre. Aussi, informe-t-elle régulièrement son public lecteur de ce qui se passe dans les villes reconnues pour avoir une population importante de citoyens parlant français. Lowell est une de ces villes.
Mais l’article, qui fait la une de L’étendard du 15 décembre 1890, porte plutôt sur un événement survenu le soir des élections américaines du 9 décembre, où Démocrates et Républicains s’affrontaient.
Un journal d’une ville du Massachusetts, Lowell, raconte une plaisante histoire dont voici la substance.
Un M. Richard Curtain demeurant au Belvidère, un des quartiers de la ville, est un amateur passionné des poules; et pour satisfaire son goût, il en garde un certain nombre. Parmi ces dernières, se trouve un coq; mais un coq rare, car il est très rare qu’on l’entende chanter même durant le jour et encore moins la nuit. Or voici ce qui est arrivé.
Curtain, républicain bien connu, a passé toute la journée à la ville, fort occupé des élections qui avaient lieu ce jour-là, et sa femme était restée seule à la maison. Vers 9 heures, voilà qu’un tapage sans pareil se fait entendre dans le poulailler et le coq chantait comme un perdu.
Madame croyant que quelqu’un volait ses poules se rend au poulailler, mais n’y trouve rien d’insolite et le terrible coq chantait toujours à se briser le gosier; elle cherche à le faire taire, mais inutilement. Madame retourne chez elle, fort intriguée de ce concert d’un nouveau genre, et se remet tranquillement à son ouvrage. Toute la soirée, le fameux gallinacé fit un vacarme étourdissant et ne s’arrêta que lorsqu’il fut complètement épuisé.
Lorsque le mari rentra, sa femme lui fit part de ce qui s’était passé sans pouvoir en connaître la cause. Curtain, qui pourtant, en bon républicain, n’est pas superstitieux, ne put donner d’autres causes à la joie bruyante de son coq, que la victoire éclatante que les adversaires de son parti venaient de remporter et en conclut que le fameux chanteur était démocrate et qu’il célébrait son triomphe.
Si le fait est vrai et il paraît qu’il l’est, il faut que les idées démocratiques soient bien enracinées dans les mœurs américaines, puisqu’elles ont envahi jusqu’à la gente emplumée.
Le gallinacé ci-haut est une œuvre de Nicole Descôteaux, avec nous sur ce site depuis maintenant plusieurs mois. Merci, chère Madame.