À quand une anthologie des meilleurs textes du conteur et poète Louis-Joseph Doucet (1874-1959) ?
Né à Lanoraie, entre Lavaltrie et Berthier, sur la rive nord du Saint-Laurent, membre de l’École littéraire de Montréal, contemporain de Lozeau, Nelligan, Gill et d’autres, qui donc s’arrête aujourd’hui à cet écrivain ?
Il connaissait très bien Rutebeuf et maistre, dit-il, François Villon. Il chante le fleuve, ses rives, ses oiseaux, mais aussi les grandes forêts de pin. Il peut soudain rendre un hommage à la lune ou au Chat botté, célébrer le givre dans nos fenêtres l’hiver.
Ici, il s’arrête au bonheur d’habiter la maison québécoise en hiver, lorsqu’à l’extérieur les grands vents se plaignent. Oui, quand donc célébrera-t-on la mémoire de Louis-Joseph Doucet !
La tempête crie au dehors
Avec des accents lamentables,
Pleine de bruits et de remords,
Sur la marche des pauvres diables.
L’hiver est rude et sans merci :
Au dehors la bise est méchante,
Yvonne, qu’on est bien ici,
Ici quand la marmite chante.
J’aime notre petit logis
Où je te retrouve fidèle,
Bonne près des tisons rougis,
Durant la tempête nouvelle.
Regarde nos murs sont pimpants
Sous leur verte tapisserie,
Comme des taches de printemps.
Ils élèvent ma rêverie.
Bon feu clair et morceau de veau,
Du café, du pain, bonne couche,
Le monde est bon, le monde est beau,
Digne que nous y fassions souche !
Et tous mes bons vieux livres donc,
Qui s’entassent sur la planchette,
Allègent toujours l’abandon
De notre jeunesse en cachette.
Car notre jeunesse s’en va,
Je ne sais où, très loin sans doute.
En laissant, comme canevas,
Son empreinte au long de la route.
Ma mignonne, soyons contents,
Car nous sommes comme les autres :
Si nous n’arrêtons pas le temps,
Soyons toujours de bons apôtres !
Et la chaleur sous nos lambris,
Comme dans les palais est douce,
Et nous, comme des colibris,
Reposons-nous dans notre mousse !
Louis-Joseph Doucet, La chanson du passant, Poésies canadiennes, Québec, 142, rue des Stigmates [ancien nom de la rue des Franciscains, dans le quartier Montcalm], 1915, 2ième édition, p. 55-57.
J’ai trouvé ce nouvel ouvrage de Doucet chez mon bouquiniste Luc, à la librairie Au lieu du livre, rue Crémazie Ouest, dans le quartier Montcalm à Québec. Il a sans doute longtemps appartenu à la bibliothèque de la maison provinciale des Frères de l’instruction Chrétienne à Dolbeau. Merci beaucoup, Luc, de ce bien bel ouvrage.
Une librairie, quelle qu’elle soit, est souvent un lieu de rencontre de grands esprits. Cette fois-ci, Jean Provencher y a rencontré Louis-Joseph Doucet.
C’est mon grand bonheur d’assister à ces rencontres.
Luc Girard
Grand esprit, grand esprit, tu es bien généreux, cher Luc. Merci encore de ce livre magnifique.