Requiem pour un jeune chat remarquable
J’ai vécu plusieurs années de ma vie avec un chat près de moi. Celui-ci fut exceptionnel.
Il semble être né en 2014, m’est arrivé pour la première fois après l’effondrement de ma grange au cours de la quatrième semaine de février 2015. Il aimait se promener dans les ruines, j’ai tout de suite constaté qu’il n’était pas sauvage et nous sommes devenus des amis.
Je l’ai appelé Gaspard, non pas qu’il ressemblait de quelque façon à un des Rois mages, mais simplement parce qu’il me semblait que ce nom lui allait bien.
Je m’informe alors à mes voisins, à un kilomètre et demi, qui me disent qu’il s’agit d’un des cinq chats de leur grange où vivent de nombreuses vaches laitières. Et, à cet endroit, comme il se fait battre par le chat dominant, sorte de roi de la place, il préfère s’échapper, quitter les lieux pour aller vivre sa vie ailleurs, bien qu’il ait été élevé par les trois ou quatre jeunes enfants de la famille.
Je suis allé leur porter, ils sont venus le chercher, mais toujours il revenait, pour marcher à nouveau dans les vieilles ruines de la grange ou grimper dans mes « jeans » comme dans une échelle. Et rien n’y faisait, même en mon absence il avait choisi ce lieu de vie.
À l’été 2015, il s’est absenté pendant un mois et demi. Soudain, il réapparut, épuisé, m’apparaissait-il, par la vie qu’il avait connue. Mon ami René m’avait dit qu’il était prêt à le prendre s’il revenait et il est venu le chercher.
Au grand bonheur, Gaspard a connu une très belle vie avec René. Très rapidement, ils vivaient tout près l’un de l’autre. Le chat, très attentif, aimait beaucoup le voir travailler. Il sautait sur sa table de travail ou grimpait dans un escabeau, pour le voir de plus près. J’ai pu encore le vérifier récemment alors que René travaillait à poser une fenêtre à la niche de Juliette construite par Monsieur Deblois. Alors, sitôt que René s’absentait pour trouver un outil, Gaspard, curieux, en profitait pour être le premier occupant de cette résidence pour chat.
Chemin faisant vers ma maison de campagne, quand je m’arrêtais chez René, soit que Gaspard accourait, soit qu’après un moment au loin, m’ayant aperçu, il joignait le duo.
Il aimait tant les humains qu’il devait sans doute avoir le même comportement avec les autres.
Et toute sa vie en fut une d’un ronronnement continuel et affirmé. Il vivait sa vie heureux, c’était manifeste.
Et tout arbre ou tout poteau le défiait. Il prenait soudainement plaisir à s’élancer jusqu’au sommet, goûtait pendant un moment cette réussite, puis redescendait la tête en avant et non d’abord les pattes de derrière. Aucun besoin d’appeler les pompiers et leur dire d’apporter avec eux leur grande échelle.
À chaque arrêt, René avait des histoires à me raconter à son sujet.
Il est parti en quelques heures. Problème de calculs rénaux, peut-être, car incapable d’uriner depuis un court moment. Décédé sur la table de l’hôpital vétérinaire.
René lui a préparé un cercueil pour pouvoir le mettre en terre, au bout de son champ, dans son cimetière de chats.
Merci, cher René, merci beaucoup d’avoir pris soin de ce chat exceptionnel, qui ne cessait de montrer qu’il était si heureux de vivre. Et, j’aimais quand je disais à Gaspard qu’il était bien chanceux de t’avoir, j’aimais, dis-je, ta réponse : « Ah, je suis bien chanceux moi-même de l’avoir, lui ».
Voici une galerie de portraits pour souligner que ce chat magnifique nous fut bien précieux. Plusieurs des photographies sont de René.
D’ailleurs, si vous appelez cette adresse, vous découvrirez ce petit félin tellement attachant à divers moments.
Quelle bonne vie de chat il a connue, Gaspard. Mais bien trop courte pour ton ami René et toi. Et je trouve son passage dans votre vie a tous les deux si joliment raconté que je suis moi-même au bord des larmes. Certains diraient,”C’était juste un chat”. Une grossiere erreur. Un chat qui a rendu des gens heureux est le plus important des etres vivants. Dans la plupart des cas (on ne l’avoue pas souvent), le perdre à jamais c’est mourir un peu.
Je partage votre peine, ton ami et toi.
Merci beaucoup. C’était vraiment une fort bonne bête, curieuse et aimante. Il y avait en elle la trace des enfants qui en ont pris soin à sa naissance, toujours une sorte de confiance en la vie, et qui a su quitter l’endroit où elle était maltraitée par un autre chat pour se donner une vie vraiment intéressante. Les deux jeunes petits-enfants de René pouvaient en faire ce qu’ils voulaient lorsqu’ils lui rendaient visite.
Meow Meow était son nom, un beau minou noir et blanc. Lors de l’achat de notre maison, il quitte la ferme d’en face pour prendre domicile chez-nous.
Notre Meow Meow est doux et calme, rien dans la vie semble le rendre nerveux.
J’ai souvenir d’un matin, une quinzaine d’hirondelles volent à lui retrousser les moustaches, un petit oisillon est tombé de son nid. Minou est aplati sur la pelouse, sans bouger d’un poil, son miaulement nous appelle à l’aide pour le sortir de ce pétrin.
De temps à autre, il disparaissait durant 2-3 jours, son retour était pénible à voir, épuisé avec des blessures nécessitant parfois une visite chez la vétérinaire. Quel batailleur!
Il portait la renommée d’être le paternel de plusieurs petits minous noir et blanc des fermes du rang !!! Un charmeur!
Durant 14 années, Meow Meow a partagé notre vie. Très malade, il fut euthanasié en janvier 2004. Il a laissé un grand vide et une grande tristesse mais combien de beaux souvenirs de notre petit noir et blanc.
Nous comprenons votre peine !
Merci beaucoup, chère Nicole. Je viens de passer une bonne heure avec mon ami René qui m’a raconté les dernières heures de Gaspard. Ça crée un grand vide, en effet. Mais lui et moi nous nous réjouissons de savoir qu’il n’a pas souffert longtemps, heureusement.