« Les fleurs au corsage »

C’est une hérésie pour une femme que de n’avoir pas, au printemps, de fleur à son corsage, disait Théophile Gauthier.

Peut-être, de son temps, se paraît-on plus volontiers qu’aujourd’hui de ces bouquets modestes et charmants qui sont à la portée de tous. La violette seule est en faveur chez nous et universellement adoptée, mais une fois la violette passée, on ne porte plus rien ou presque rien.

On a tort.

Des roses, une touffe de muguet, ou quelques œillets panachés sont, en cette saison, tout indiqués. Aucune règle, bien entendu, pour l’arrangement ni même pour la façon de placer ces bouquets piqués suivant la fantaisie de chacune.

À plus forte raison les conseillerons-nous pour aller dans le monde. Toutes les variétés de roses sont du plus heureux effet, de même que des œillets en grappe.

Une branche d’orchidée pâles reste la parure la plus élégante, parure délicieuse sur une robe blanche. Sur un corsage décolleté, on la pose de façon qu’elle atteigne jusqu‘à l’épaule. Pas de truquage pour la conserver fraîche. Quand on voit qu’elle a fait son temps, on la détache et on l’abandonne.

Jeanne Rolland.

Le Canada (Montréal), 3 juillet 1903.