À 18 heures, l’heure est à l’omelette
Nous sommes à Montréal.
Comme à l’ordinaire à 6 heures sonnant samedi soir, les braves ouvriers qui travaillent à la confection des trottoirs en asphalte, à l’angle des rues Craig et Gosford, laissèrent là leur fourneau remplis de charbons ardents pour aller prendre leur souper.
À peine étaient-ils partis que deux braves commères accouraient avec chacune une poêle à la main ; casser une demi-douzaine d’œufs et les jeter dans leur poêle fut pour Mmes Laframboise et Jasmin l’affaire d’un instant.
En moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire, les poêles furent introduites dans le fourneau et l’omelette était faite.
Une centaine de badauds avaient regardé, ébahis, les deux commères faire leur cuisine, pour s’engager ensuite dans la rue St-Louis, leur poêle à la main. Tous avaient admiré l’ingénieux procédé employé par les dames Laframboise et Jasmin, pour faire une omelette à bon marché !
Le Canada (Montréal), 8 juin 1903.
