La disparition des grandes espèces
Depuis les années 1980, on croit qu’un grand choc, il y a quelque 66 millions d’années, a amené l’extinction d’un grand nombre d’espèces animales et végétales, autant terrestres que marines.
Et ce choc, créant l’«hiver nucléaire», serait venu de la chute d’une météorite de près de dix kilomètres de diamètre dans la péninsule du Yucatan, au Mexique. Sur la page Wikipédia consacrée au cratère de Chicxulub, on affirme que la rencontre aurait eu une puissance similaire à «plusieurs milliards de fois celle de la bombe d’Hiroshima».
En 1897, on ignore ce fait aussi précis. Le journaliste Jules Griffard nous livre l’interprétation de son temps dans son article du journal La Patrie du 25 septembre 1897.
J’aime bien ce Griffard, dont la mémoire s’est à peu près perdue selon internet. Mais, sur ce site, nous sommes à lui faire une petite place depuis un moment. Avec lui, nous sommes allés entendre chanter les loups, la nuit, près de la rivière La Lièvre. Nous l’avions accompagné dans les rues de Montréal, à quelques heures du jour de l’An, réfléchissant aux jouets qu’on donnait en cadeaux. Il sait d’ailleurs parler aux jouets. Le voici ici s’attaquant à la disparition des grandes bêtes. Extraits.
Tout autour de ces lacs, dans la luxuriante végétation de fougères mesurant deux cents pieds de haut et de tailles presque incommensurables, fourmillaient des lézards longs de quatre-vingts pieds, des brontosaures à cou de cygne et à queue de kangarou, pesant une cinquantaine de mille livres, des ptérodactyles ou dragons ailés de sept pieds de haut et de vingt-cinq à trente pieds d’envergure, des mammouths dont les défenses mesuraient dix-sept pieds de long.
Toutes ces espèces s’épanouissaient dans un âge qui plus que le nôtre semblait être éternel, lorsque, tout à coup, soit que la terre eut penché sur son axe, soit qu’elle se fut soudainement éloignée du soleil, ce qui avait été jusque là un foyer de vie intense devint une région glacée; mais glacée à ce point et de cette instantanéité que les animaux d’alors restèrent figés sur place, cristallisés dans le mouvement même que leur avait imprimé la locomotion. […]
C’était le commencement de cette période glaciale qui devait mettre au pôle un cap de glace dont la hauteur était de plusieurs milles et dont la moraine couvrait ce qui est aujourd’hui le Canada. […]
Combien de temps dura cette période glaciale, nul ne peut le dire au juste, mais ce que l’on sait bien, c’est qu’elle fut assez longue pour niveler les montagnes et leurs débris charriés par les eaux, recouvrir presque la terre entière. Des millions d’années ont pu seules permettre ce phénomène.
Survient une nouvelle révolution atmosphérique et la vie animale et végétale reparaît avec la chaleur sur notre planète. Mais combien chétive à côté de celle d’Antan !
Nous la disons luxuriante à l’équateur, par comparaison avec celle de l’extrême nord où elle va s’anémiant jusqu’à ne plus se manifester du tout.
Le soleil d’autrefois embrasait la terre; celui d’aujourd’hui est tellement attiédi qu’il réussit à peine à dégeler à quatre pieds de profondeur le sol du Klondyke qui connut en son temps les splendeurs des tropiques.
Trackbacks & Pingbacks