Certains en ont ras-le-bol des musiciens ambulants
Nous n’avons pas assez des serinettes, orgues de barbarie, pianos à manivelle, il nous fallait un corps de musiciens ambulants pour venir nous écorcher les oreilles sous les fenêtres de nos résidences et à la porte de nos bureaux.
Un double quatuor de Prussiens vient d’arriver dans notre ville avec leurs instruments de musique, sans oublier la petite clarinette aigüe, qu’ils affectionnent tant.
Et en avant quadrilles, valses, galops, le tout stylé à l’allemande. C’est à qui, de la mélodie ou de l’accompagnement, fausserait le plus.
Devant les bureaux et les établissements d’affaire, surtout, il nous semble que la tolérance de cette musique grotesque par nos autorités municipales est un véritable mépris pour les lois du bon sens et de la paix publique.
Encore, si ces souffleurs de notes anti-harmoniques offraient leurs services !
Mais non, ils viennent se grouper chez nous et nous condamnent infailliblement au supplice de les entendre !
Voyez-y, messieurs les gardiens du bon ordre de notre ville.
La Patrie (Montréal), 15 août 1896.