«Chaleur tropicale»
Nous subissons depuis quelques jours les effets d’une température vraiment tropicale.
Les pluies abondantes qui sont tombées ont produit, sous l’influence des rayons solaires, une humidité qui pénètre dans les demeures et imprègne les vêtements jusqu’à saturation.
L‘atmosphère est lourde, sans brise et remplie de vapeurs humides qui se changent en ondées nouvelles. La nuit n’est pas plus fraîche que le jour. La terre rend, après le coucher du soleil, toute la chaleur qu’elle a absorbée dans la journée et, malgré les fenêtres ouvertes et la ventilation des appartements, on est plongé dans une buée qui vous donne l’illusion de vivre dans une serre chaude.
Un peu de vent ferait notre affaire pour balayer la région des nuages qui la recouvrent et pour chasser cette humidité qui nous accable.
Le thermomètre se maintient très élevé et les pluies, qui devraient rafraîchir notre planète, n’ont aucune influence sur lui.
Il faut en prendre son parti et s’attendre à de plus fortes chaleurs, si l’on en croit les météorologues de Toronto, qui nous annoncent encore une température plus élevée pour aujourd’hui et demain.
L’observatoire de McGill a enregistré hier la plus forte chaleur de l’année et l’hygromètre marquait 92 degrés de saturation humide.
Nous n’avons pas, heureusement, à signaler de décès causés par la chaleur, mais un grand nombre d’animaux ont souffert de la température excessive et il devient difficile de conserver à l’état frais les produits destinés à la consommation.
Cet article fait la une du journal La Patrie du 9 août 1900.