Y a-t-il eu un néant avant que l’univers soit ?
Le physicien et philosophe français Étienne Klein a proposé aux Éditions Actes Sud en 2019 une réflexion sur le vide. Vaste sujet et bien nombreuses questions. Commençons donc par l’univers. Néant ou non avant l’univers ?
Selon Klein, les physiciens font de leur mieux pour tenter de décrire les phases les plus anciennes de l’univers. Mais osons. Que peut-il y avoir avant que le Big Bang ne fût théorisé, identifier « la transition radicale qu’elle suppose entre l’absence de toute chose et la présence d’au moins une première chose, autrement dit investir la zone limitrophe du non-être et de l’être ».
Ô la la ! je croirais entendre ma mère qui me disait : Jean, ne lis pas de livres trop compliqués, tu pourrais te retourner l’esprit.
Mais revenons à Klein. Selon lui, s’il n’en tient qu’à Parménide, l’Univers n’a pas connu de commencement. Il existe de toute éternité.
En résumé, penser l’origine de l’Univers revient d’abord à admettre l’absence d’être, l’absence radicale et totale d’Univers, et à imaginer ensuite comment cette absence a pu se transmuter en une première présence, celle de l’Univers lui-même ou de quelque élément primitif le constituant…
Le paradoxe d’un tel commencement « pur », un commencement que rien ne précède, c’est qu’il se situe avant tout événement, là où (et quand) il n’y avait rien, comment peut-il y avoir quelque chose, en l’occurrence un commencement ? L’idée d’un Commencement avec un grand C semble échapper à l’entendement. […]
Ces questions apparaissent en filigrane dans toutes les cosmogonies. Selon certaines, l’Univers n’a pas été créé comme le boulanger fait son pain : il ne provient pas d’une réalité préalable qu’un agent créateur serait venu informer ou modifier. Il aurait été bâti tout simplement à partir de rien : une création ex nihilo, expression étrange et même paradoxale puisqu’elle suggère que l’absence de toute chose a pu créer quelques chose… Mais comment donc ? Par quel stratagème le néant, où absolument rien n’existe, aurait-il pu créer quoi que ce soit ? […]
Étienne Klein, Ce qui est sans être tout à fait, Essai sur le vide, Arles Éditions Actes Sud, 2019, p. 35-37.