Un ouvrage de réflexion de Satprem
Durant les années 1950, Bernard Enginger (1923-2007), chercheur des mondes à venir, dit sa page Wikipédia, sent le besoin de quitter l’Occident pour gagner l’Inde. Là-bas, on lui donnera le nom de Satprem.
Ce chercheur voulait comprendre comment une autre civilisation, loin de l’européenne ou de l’américaine, percevait la vie. Et il était sans doute aussi à la recherche de silence, car, dans ses écrits qui suivront, il reviendra fréquemment sur les bruits. Et, selon lui, le chercheur ne peut trouver dans les bruits.
Pour lui, le chercheur est plutôt « à l’écoute de l’infini, il est tourné vers une petite flamme au centre, si douce, si pleine, sans trouble et sans vouloir. Il n’a besoin que d’une chose : que cette flamme brûle et brûle encore qui l’emplit ; que cette coulée passe et passe encore par sa clairière, sans mots, sans sens mental, et pourtant pleine de sens et de tous les sens comme si c’était la source même des sens.
« Alors, parfois, sans qu’il y songe ou qu’il le veuille, quelque chose vient frapper : une petite vibration, une petite note qui tombe sur ses eaux tranquilles et qui dessine tout un train d’ondes. Et s’il se penche un peu, pour voir, s’il se tend vers ce remous (ou vers cette note légère, ce point d’appel, cet accroc dans son étendue d’être), une pensée naît, un sentiment, une image, une sensation — comme s’il n’y avait pas de frontière entre ce mode de traduction ou un autre : c’est simplement quelque chose qui vibre, un rythme plus ou moins clair, une lumière plus ou moins pure qui s’allume en lui, une ombre, une lourdeur, un malaise, parfois une petite fusée scintillante, dansante, légère comme un poudre de soleil sur la mer, une éclosion de tendresse, un sourire qui passe — parfois un grand rythme grave qui semble monter du fond des âges, immense, poignant, éternel, et faire comme un unique chant sacré du monde.
« Ça coule tout seul ; il n’est pas besoin de penser ni de vouloir, il est seulement besoin d’être et d’être encore, et de brûler à l’unisson d’une seule petite flamme qui est comme le feu même du monde. Et quand c’est nécessaire, juste une seconde, une petite note vient cogner à son carreau, et c’est exactement la pensée juste, l’impulsion de l’acte voulu, le détour à droite ou à gauche qui va ouvrir un sentier inattendu et tout un train de réponses et de croisements nouveaux. Alors, le chercheur, l’ardent, comprend intimement l’invocation du chantre védique d’il y a cinq ou six mille ans : « Ô Feu, que soit créée en nous la pensée juste qui jaillit de Toi. » […]
Satprem, La genèse du surhomme, Essai d’évolution expérimentale, Pondichéry, Sri Aurobindo Ashram, 1971, p. 134s.
Cet ouvrage est dans ma bibliothèque de livres de sagesse.