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Qu’en est-il de la mémoire chez les animaux ?

Il y a peu, je vous signalais la parution récente d’un collectif sous la direction de Karine Lou Matignon, Révolutions récentes, Le génie des animaux.

Dans cet ouvrage, Christelle Jozet-Alves, maître de Conférences en biologie du comportement, Groupe Mémoire et Plasticité comportementale, Université de Caen Normandie, y va d’une réflexion nouvelle sur la mémoire des animaux. Elle ouvre son texte par ces deux phrases : Les prodigieuses capacités de mémorisation des animaux ne font aujourd’hui plus aucun doute. Les animaux peuvent se rappeler ce qui leur a été enseigné dans leur plus jeune âge.

Puis elle amène à témoigner les chimpanzés, les dauphins et les moutons. Et elle pose les questions selon elle fondamentales : Les animaux savent-ils juste que telle voix ou tel visage leur est familier ? Ou sont-ils capables de se remémorer ces rencontres ?

Ces deux hypothèses, écrit-elle, impliquent des conceptions très différentes de l’intelligence animale. Dans le premier cas, cela signifie que les animaux ont une très bonne mémoire mais restent ancrés dans l’instant présent, sans se remémorer les évènements de leur passé et sans s’imaginer leur avenir. Dans le second cas, cela signifie qu’ils sont conscients du temps qui s’écoule et peuvent se projeter mentalement dans le passé ou le futur.

L’ensemble des études scientifiques menées depuis quinze ans rendent la première hypothèse de plus en plus fragile. Tout a commencé en 1998 avec l’équipe de la psychologue Nicola Clayton (Clayton, 1998). Ces chercheurs ont en effet publié une étude pionnière chez le geai buissonnier, espèce connue pour stocker sa nourriture dans de nombreuses cachettes à travers un vaste territoire. Cette recherche a révélé que les geais sont capables de mémoriser les différents endroits où ils ont enfoui de la nourriture, de quel type de nourriture il s’agit, et combien de temps s’est écoulé depuis que chaque aliment a été stocké. En effet, en fonction de cette temporalité, les geais viennent s’approvisionner soit en vers, leur aliment préféré, mais qui est périssable, soit en noix, lesquelles se conservent pendant des mois. Ces oiseaux gardent ainsi en mémoire le temps qui passe.

Le geai charbonnier n’est pas la seule espèce apte à réaliser cette prouesse. D’autres, telles que les pies […], les rats […] et des primates non humains […] ont la même capacité de se souvenir des évènements de leur passé, en l’occurrence de se souvenir de ce qui s’est déroulé, où, et depuis combien de temps. Récemment, cette compétence a été mise en évidence pour la première fois chez un invertébré : la seiche, mollusque céphalopode connu pour ses étonnantes capacités d’apprentissage. […]

 

Extrait de Christelle Jozet-Alves, « Voyage dans le temps », dans Révolutions animales, Le génie des animaux, sous la direction de Karine Lou Matignon, Éditions les liens qui libèrent, 2019, p. 200-202. En poche.

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