Parfois il m’arrive de penser que les bêtes autres que nous-mêmes aimeraient pouvoir parler
L’idée m’est venue l’année dernière, le 4 mai, à la rencontre de ce cheval sur ma route.
La philosophe et essayiste espagnole Maria Zambrano (1904-1991) revient sur ces animaux « qui aspirent à la parole, comme l’attestent parfois les regards, cris, gémissements et même les balbutiements de certains d’entre eux qui se plaignent de n’avoir pas de mots ».
J’ai connu ce cheval le 2 mai 2017, lorsqu’il s’approcha de la clôture. Je lui ai parlé, mais ne l’ai pas nourri. Deux jours plus tard, me voyant, le voici à nouveau en trottinant. Cette fois-ci, nous avons bien essayé de converser. J’ai tenté de savoir son nom.
Dis-moi ton nom.
Quel est ton nom ?
J’aimerais tant savoir comment tu t’appelles.
Tu as un nom, j’en suis certain.
J’ai un nom comme le tien, tu sais. Moi, c’est Jean.
Tu veux me dire ton nom ?
Et je ne cessais de parler fort doucement. Pendant tout ce temps de sollicitation, il me proposait toutes sortes de mimiques, reniflait, élargissait puis refermait les narines. Même la salive lui est venue de chaque côté de la gueule.
Nous aurions tant aimé avoir une langue commune. Même, pour un moment, être tous deux cheval.
Où était la porte ?
Maria Zambrano, De l’Aurore, Éditions de l’Éclat, 2015, p. 99. Dans la série L’Éclat/poche, no 8. Traduit de l’espagnol par Marie Laffranque.
Animaux souvent remplis d’humanisme…
J’entends ce matin la tourterelle triste, elle en a long à dire…
Que tente d’exprimer en clair la petite chèvre dans la rosée fraîche et la corneille sur le fil du téléphone?
Tout un monde pour nous à découvrir, à approcher, à apprendre.
Et puis bien sûr à respecter.
Pour moi, une des raisons de sauver notre Planète.