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« Nous sommes tous prisonniers d’un cerveau »

Je viens de terminer l’ouvrage de Luc-Alain Giraldeau, Dans l’œil du pigeon. Vous souhaitez être ébranlé dans vos connaissances, plongez-y. En gros, je dirais qu’on y apprend que tout être vivant est le fruit d’une très longue évolution, ce qui est incontestable si vous n’êtes pas créationniste. Mais avançons-nous.

Saviez-vous que l’évolution nous a adaptés à une niche écologique précise où nos habiletés sensorielles et cognitives spécifiques nous orientent dans le sentier qui nous est propre et assure notre pérennité ? Chaque espèce animale a son sentier et occupe des réalités distinctes, des mondes parallèles inaccessibles, selon le biologiste Giraldeau. Notre ethos, dit-on dans le métier — nos caractères habituels, nos manières d’être, nos habitudes — est un objet unique et distinct.

Rejoignons l’auteur dans son texte courant.

… la planète que nous avons en partage avec une extravagante diversité de vie est, à toutes fins utiles, exactement à l’image de ce cosmos où chaque espèce animale demeure aussi inaccessible que la plus rapprochée des exoplanètes. Pensez-vous que notre réalité, notre monde, celui que nous voyons et sentons, que nous entendons et goûtons, est celui qu’habitent le bourdon et la mouche, le chevreuil et le loup ? Notre univers, celui que nous partageons, vous et moi, existe bien, mais ce que nous en savons demeure une création de notre cerveau.

Il y a tout lieu de croire que le monde perçu par le cerveau du loup ou de l’omble chevalier n’est pas le même que le nôtre. Pourquoi le serait-il ? Nous habitons quelque part dans un cerveau, lui-même isolé dans un crâne ; notre système nerveux a été bricolé durant des milliers d’années pour assurer notre survie. Les besoins des êtres vivants varient selon qu’ils sont carnassiers ou herbivores, aquatiques ou terrestres, arboricoles ou fouisseurs. Leur cerveau leur donne une image reconstruite du monde, une image qui été taillée selon les nécessités de leur niche écologique.

Chaque espèce vit, ni plus ni moins, dans un monde distinct, étranger et inatteignable, une exoplanète pourtant à portée de main.

 

Luc-Alain Giraldeau, Dans l’œil du pigeon, Évolution, hérédité et culture, préface de Boucar Diouf, Montréal, Boréal, 2016.

Nous y reviendrons, car le livre est bien  riche. Toutefois, l’auteur n’aborde pas tout le domaine de la synanthropie, un monde de plus en plus documenté dans le domaine scientifique. Comme le dit la page Wikipédia à ce sujet, il s’agit d’un phénomène écologique décrivant un type particulier d’interaction durable liant certains animaux non domestiques spécifiquement avec des humains à proximité desquels ils vivent. C’est là un monde très riche qui nous laisse croire qu’il y a des portes, des ponts entre les humains et certaines espèces animales et, qui sait, peut-être même les plantes et les arbres.

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