La navigation à voiles sur les océans est terminée
Dépouillant la presse, il y a soudain de ces dates franchement marquantes, significatives.
Ainsi, après plusieurs siècles de navigation à voiles, voici qu’on l’abandonne définitivement. La nouvelle provient de Montréal.
Durant toute la saison dernière, pas un seul navire océanique à voiles n’est entré dans notre port. Depuis plusieurs années, ils se faisaient de plus en plus rares, mais c’est la première année où ils aient totalement manqué d’apparaître.
Ce qui devait fatalement venir est arrivé, et tout indique que les navires à vapeur ont finalement supplanté les voiliers sur l’océan. De ces derniers, il, en reste sans doute encore, en dehors du port de Montréal, mais leurs jours sont comptés.
Un grand nombre sans doute ne pourront s’empêcher de le regretter.
Qu’y avait-il de plus pittoresque et de plus gracieux que ces navires ailés, voguant sur les flots comme de grands oiseaux, et découpant leurs blanches voiles sur l’horizon bleu des mers ?
Les immenses paquebots et les grands steamers d’aujourd’hui sont plus rapides, et ils résistent mieux aux ouragans, mais, au point de vue de la grâce et de l’élégance, comme ils remplacent mal les voiliers d’autrefois.
S’il faut sagement se résigner aux exigences du progrès et aux laideurs qui en découlent, que l’on nous permette au moins d’accorder un soupir de regret à la beauté et au pittoresque qui s’en vont.
La Patrie (Montréal), 9 janvier 1908.