Lorsqu’arrive l’été, les enfants recommencent à mourir

Cela se produit dans les villes québécoises, en particulier à Montréal.

Voici des statistiques intéressantes, cueillies hier au département de l’hygiène. Il y a eu 186 décès à Montréal, pendant la semaine dernière, et la moyenne hebdomadaire est ordinairement de 115.

Sur ces 186, il y eut 93 enfants, et cette proportion est considérée comme excessive.

On croit au département de l’hygiène que la cause de cette grande mortalité est due à la qualité inférieure de l’eau que nous avons.

Le Dr Wyatt Johnson a analysé l’eau, il y a quelques temps, et a déclaré qu’elle n’était pas pure. Plusieurs membres du département d’hygiène disent que l’eau pourrait être meilleure.

On parle depuis longtemps, par exemple, aux commissions d’hygiène et de l’aqueduc, de filtrer l’eau de la ville et l’on a préparé des plans à cet effet, mais il n’y a pas de fonds disponibles et, pendant ce temps, les enfants meurent à cause de l’eau qui n’est pas suffisamment pure.

Le docteur J. E. Laberge dit que le changement de température que nous avons eu, la semaine dernière, a été l’une des causes de la grande mortalité infantile.

Ce dernier est en train d’organiser une société dont la mission sera d’enseigner aux pauvres gens la manière de soigner les enfants. Il existe aux États-Unis plusieurs associations similaires, et des centaines de jeunes existences sont ainsi annuellement arrachées à la mort.

Les fosses d’aisances qu’on retrouve encore dans l’Est [de la ville bien sûr] ont pu contribuer à élever la mortalité pendant la semaine dernière.

La Canada (Montréal), 23 juin 1903.

L’enseignement de la manière de prendre soin des enfants de la ville commencera vraiment durant les années 1920 avec la création des unités sanitaires, un moment capital dans l’histoire récente de l’enfant au Québec.