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Le français québécois, et peut-être d’ailleurs en Amérique — ô bonheur — est encore persillé de mots qui remontent à très loin

Ces derniers sont liés souvent à la géographie d’un lieu. Ainsi, à Trois-Rivières, jamais nous ne pouvions entendre, apprendre donc, le mot « plée » un substantif féminin. Nous utilisions bien « savane » car il s’en trouvait une petite en bordure du Saint-Maurice au pied du coteau, où, enfants, nous allions aux quenouilles. Mais nous ne fréquentions pas de plées, inconnues pour nous.

Toutefois, connaissez-vous des personnes de Saint-Louis-de-Blandford, de la MRC d’Arthabaska, dans la région administrative du Centre-du-Québec, qui causent soudain entre elles, vous ne pourrez éviter d’entendre parler de plée, leurs grandes savanes de Blandford, les restes de la mer de Champlain depuis la remontée lente du continent, qu’il fallait traverser au 19e siècle pour se rendre plus au sud. Les Beaucerons savent aussi qu’il fallait franchir la plée pour se rendre à Saint-Henri de Lévis.

Voyons ce que dit Suzelle Blais du mot « plée ».

Terrain bas et humide dépourvu d’arbres. La forme plée peut être soit un emploi substantivé de l’adjectif pelé dans le sens de « dépourvu de végétation », soit une variante phonétique du terme féminin prée. En effet, l’hésitation entre r et l qui remonte au XVIe et XVIIe siècles, est largement attestée tant au Québec qu’en France. Il aurait emprunté également de prée le genre féminin. Le substantif prée qui est connu dans les parlers de l’Ouest, est encore usuel en Acadie.

 

Suzelle Blais, Apport de la toponymie ancienne aux études sur le français québécois et nord-américain, Études et recherches toponymiques, 6, Québec, Publications du Québec, 1983, p. 63.

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