«Que dieu vous bénisse»
Et, au Québec, on rajoute «que le diable vous charrisse !» Comment donc expliquer cette formule, qui a cours encore parfois ?
Dieu vous bénisse ! C’est un salut de circonstance par ces temps de froidure et de brouillard. Mais d’où vient cette coutume d’interrompre de la sorte les gens en train d’éternuer ? À ce qu’il paraît d’une doctrine fort répandue chez les anciens, qui veut que des esprits bons ou mauvais entrent constamment dans le corps de l’homme pour en sortir immédiatement avec la même facilité. Et c’est bien le moins qu’on salue un esprit.
Les Zoulous partagent cette croyance. Pour eux, le diable qui fait éternuer est un bon diable. Aussi, lorsqu’un Zoulou éternue, la chose faite, il ne manque jamais de s’écrier : Je suis béni; l’esprit est venu à moi, il est avec moi ! »
Pinkerton dit qu’au siècle dernier, en Guinée, si un personnage important éternuait, c’était autour de lui un concert de félicitations et de vœux.
D’après Barton, les nègres de Calabar, au contraire, repoussent celui qui éternue comme un être malfaisant.
Pétrone mentionne le mot Salve ! adressé à celui qui éternue; Pline le cite également, à propos de Tibère. Aristote — qui a fourré son nez partout — rapporte que le peuple considérait l’éternuement comme un acte divin.
D’après Ward, à l’Indou qui éternue, on dit : « Vie ! » Avec vous, répond-il. « Tobinchayim ! » Bonne vie ! disent les Juifs. — « Gloire à Allah ! » disent les Mahométans. « Portez-vous bien », disait-on au moyen âge. Et moi je vous dis encore : Dieu vous bénisse !
Le Canadien (Québec), 25 janvier 1886.
Quand on dit « à tes souhaits », c’est encore dans la même ligne, si je comprends bien… Merci de cet éclairage !