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Un orage à Montréal d’une grande violence

Sous la veranda dun indien matagamiTout le monde sait au Québec, évidente vérité, que les orages les plus puissants se produisent l’été. Et, invariablement, ils faisaient l’objet d’une description colorée dans la presse d’autrefois. En voici un beau qui frappe Montréal le samedi 17 août 1895. Le quotidien La Patrie du lundi y va de ce texte.

Vers huit heures, samedi soir, un violent orage a éclaté sur Montréal, et, à plusieurs endroits, il y a eu des dommages considérables.

Le ciel était embrasé par les éclairs qui se succédaient sans interruption et les roulements du tonnerre avaient quelque chose de terrifiant.

Plusieurs coups d’une violence particulière ont fait croire que la foudre avait dû frapper quelques édifices de la ville. Cependant nous n’avons pas connaissance d’aucun dégât spécial de ce fait.

De véritables trombes d’eau se sont abattues sur Montréal.

Au parc Sohmer, les gouttes de pluie emportées par les tourbillons du vent étaient lancées jusqu’au milieu de la salle, et de véritable ruisseaux coulaient entre les rangs de chaises.

Il est tombé des grêlons gros comme de moyennes balles de fusils, dont le crépitement sur la toiture de la salle couvrait presque les accords de l’orchestre.

Rues Ontario, Sanguinet, St-Denis, Fortier, St-Hyppolite, il s’est produit une véritable panique. En voyant les torrents d’eau qui coulaient dans les rues descendantes, les habitants ont cru un instant à une nouvelle rupture des tuyaux de l’aqueduc.

L’eau a dépassé le niveau des trottoirs sur la rue Ontario. Plusieurs caves ont été inondées.

Chez une famille irlandaise de la rue St-Hyppolite, habitant un soubassement, l’eau a fait irruption avec une grande violence. Le locataire est un homme infirme, dont la femme a été saisie d’une frayeur facile à comprendre. Elle a couru, dans un costume assez sommaire, au poste des pompiers de la rue Ontario. Ceux-ci sont aussitôt venus porter secours au malheureux. L’eau atteignait déjà le bord de son lit.

Dans tous les quartiers de la ville, il y a eu des dégâts assez importants et des paniques plus ou moins vives.

La pluie a recommencé hier soir; mais avec moins de violence cependant.

À l’angle des rues Ste-Catherine et Plessis, la cave de M. Sauvageau, épicier, a été inondée. L’eau a monté à 7 pieds [un peu plus de 2 mètres]. Le stock est perdu. Les dégâts sont évalués à $2,000.

Les services du téléphone et du télégraphe ont été interrompus pendant quatre heures.

Le réseau du télégraphe d’alarme de la brigade du feu a été coupé en plusieurs endroits et les pompiers ont dû faire un service pénible de rondes et de surveillance pendant toute la nuit. […]

Rue Craig, devant la salle d’exercice, il y a eu un moment trois pieds d’eau. La pression était si forte dans les égouts que les plaques de fermeture des regards se soulevaient parfois et laissaient échapper des bouillonnements impétueux.

Sur le St-Laurent, plusieurs petites embarcations ont chaviré. Nous n’avons pas entendu parler de personnes noyées dans ces accidents.

Dans les campagnes, les dégâts sont énormes. Les récoltes ont beaucoup souffert. Des clôtures sont détruites. Le montant des pertes dans l’île de Montréal est très élevé.

L’orage de samedi est l’un des plus violents qui aient éclaté depuis 50 ans.

 

La Patrie, 19 août 1895.

La photographie prise en 1950 par Gérard Ouellet a pour titre «Plus ou moins à l’abri de la pluie sous la véranda d’un Indien, Lac Matagami». Elle est déposée à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Québec, Fonds ministère de la Culture et des Communications, Office du film du Québec, Documents iconographiques, cote : E6, S7, SS1, P78868.

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