Croyez-vous à l’utilité des toiles d’araignée pour les blessures ?
Dans mes recherches sur la vie quotidienne autrefois au Québec, il m’est arrivé de constater que la toile d’araignée était utilisée par certains dans la médecine populaire. Dans La Patrie du 4 août 1900, celui qui signe Viator met en garde la population à ce sujet.
Certains préjugés continuent de jouir d’une vogue inexplicable, quoiqu’on ait pu dire et faire pour tenter de les déraciner.
Bon nombre de personnes croient, par exemple, les toiles d’araignée le meilleur pansement pour les coupures et autres blessures.
D’où vient cette croyance ? Il me serait impossible de l’expliquer et j’en suis réduit à supposer qu’il s’agit ici d’une vieille superstition d’après laquelle l’araignée — sa rencontre à telle ou telle heure, n’est-elle pas déjà pour beaucoup un présage heureux ou malheureux ? — serait douée de qualités mystérieuses.
Quoiqu’il en soit, l’application des toiles d’araignées sur une plaie est un danger très grand. Accrochées dans les recoins les plus susceptibles d’échapper au plumeau, c’est-à-dire dans les endroits les plus malpropres, elles sont toujours chargées de microbes empruntés soit à l’air, soit aux cadavres de mouches retenues dans leurs fils; elles sont d’excellents agents de propagation des maladies infectieuses, notamment le tétanos, comme il a été démontré par de nombreux exemples.
Dans les campagnes, la toile recueillie dans une chambre non pas propre, car une demeure propre n’en contient pas, mais dans une pièce relativement entretenue, n’est pas réputée la meilleure. On lui préfère de beaucoup celle qui pend dans les étables, à laquelle on attribue de merveilleuses propriétés curatives.
C’est justement la plus dangereuse, puisque l’atmosphère des étables est impure, viciée, abonde en miasmes attirés par les fumiers ou y prenant naissance, est pleine des germes des maladies dont sont atteints les habitants de l’écurie. […]
Réagissons donc contre le préjugé et appliquons-nous à panser des plaies avec des matières bien propres, antiseptiques autant que faire se peut, sans jamais recourir à la trop fameuse toile d’araignée.