La lune et la température
En 1900, on se questionne sur la lune et son influence sur le temps qu’il fait. Certains habitants des campagnes sont bien certains que celle-ci joue un rôle majeur, mais d’autres se montrent fort hésitants.
Voilà que même le quotidien montréalais La Patrie y va d’un éditorial dans son édition du 22 mai 1907, sous le titre «Le froid et la lune». Aujourd’hui, on ne verrait pas de journal y aller de pareils propos dans sa page éditoriale.
Ceux qui croient à l’influence de la lune sur les variations de température avaient prédit dès les derniers jours d’avril que le froid persisterait encore plus d’un mois, parce que la lune de mai renouvelait le matin, le 12, à 4 heures.
Puisque nous avons eu le mois de mai le plus froid que la statistique ait enregistré depuis trente ans, la prédiction s’est jusqu’ici réalisée et, si elle se vérifie jusqu’à la fin, il fera encore froid jusqu’au 10 du mois prochain, alors que la lune renouvellera le soir.
La lune de juin nous fait donc espérer que nous n’aurons, pendant sa lunaison, ni neige, ni grêle, comme nous nous en a prodigué sa devancière.
Jusqu’à quel point l’atmosphère terrestre est-elle affectée par notre satellite ? Les opinions des astronomes sont partagées sur cette question, mais presque de tout temps la croyance populaire a attribué à la lune une influence, exagérée dans certains cas, mais dans d’autres cas seulement douteuse ou même partiellement reconnue vraie.
La lune rousse, si longtemps tenue responsable des gelées tardives du printemps, a été réhabilitée par les savants, mais l’ancienne croyance, qui confondait une relation de cause à effet avec une simple coïncidence, n’en dénotait pas moins une certaine justesse d’observation.
L’explication des marées est aujourd’hui une connaissance populaire. La lune n’agit-elle pas d’une façon analogue dans l’atmosphère et son action ne peut-elle, dans certains cas, être la cause de perturbations plus ou moins profondes et prolongées ? Le fait n’est pas démontré, mais il n’est pas non plus prouvé qu’il soit faux.
Il est certain que, vers la pleine lune, les nuages amoncelées au firmament tendent à se disperser à mesure que le satellite s’élève vers le méridien, et qu’au moment où la lune atteint le méridien, le ciel, précédemment chargé, est devenu tout à fait clair ou presque clair. Il n’est personne qui n’ait observé ce phénomène et n’en ait constaté la réalité.
Est-il dû à une radiation de chaleur de la lune, qui atteindrait son maximum d’intensité et de puissance au passage du méridien, parce que les rayons pénétreraient alors perpendiculairement les couches atmosphériques ? On serait porté à le croire.
Et si la lune exerce une action de cette nature, est-il absurde de penser — bien que nous n’en ayons pas la preuve — qu’elle pourrait aussi bien provoquer des variations de température, simples résultantes de perturbations atmosphériques, peut-être ?
L’image provient de Mon deuxième livre de lecture, textes de Marguerite Forest et Madeleine Ouimet, illustrations de Jean-Charles Faucher, Montréal, Librairie Granger Frères Ltée, 1935. Il s’agit d’un ouvrage approuvé par le Conseil de l’Instruction publique de Québec, à sa séance du 14 décembre 1938.