Skip to content

«Nettoyez les rues !»

nettoyage des rues avec un tramway

Il est certain que le printemps nous fait les rues sales. Mais qu’on agisse, crie le quotidien montréalais La Patrie du 25 mars 1905.

Nous voulons bien croire que le soleil et la pluie soient des collaborateurs précieux du département de la voirie, — c’est M. Barlow qui le dit. Mais, franchement, les autorités civiques devraient déployer plus d’énergie et compter davantage sur les moyens d’action que la ville met entre leurs mains.

Ces moyens, il est vrai, ne sont pas extraordinaires, mais, enfin, ils valent quelque chose.

Que fait-on depuis que le dégel est commencé pour nettoyer les rues ? Pour faciliter la circulation ? Pour empêcher la foule des piétons de patauger dans la boue ?

Les officiers du département de la voirie ont-ils remarqué, en allant à leur bureau le matin ou en en revenant le soir, l’épouvantable malpropreté de nos grandes artères commerciales ?

Que songent-ils faire pour venir au secours du commerce, du public en général ?

S’ils n’ont pas cru devoir se rendre compte par eux-mêmes du gâchis dans lequel nous croupissons, n’auraient-ils pas appris, par un fortuné hasard, les plaintes et les supplications des citoyens ? Ne reçoivent-ils pas quelquefois la visite des dignes personnages auxquels ils ont juré foi et hommage et qui sont censés s’occuper des intérêts populaires ?

Nous prêchons dans le désert. Notre voix n’a pas d’écho. Mais ne nous décourageons pas. Nous reviendrons à la charge, tant qu’on n’aura pas décidé de remédier à cet honteux état de choses.

Coûte que coûte, il faut pourtant faire un effort quelconque pour améliorer la situation. Si au moins nous parvenions à mettre un peu d’ordre et de propreté dans nos rues les plus passantes.

Il serait facile, il semble, d’enlever le fumier qui empêche de fondre la glace qui recouvre la chaussée des grandes rues. Une bonne équipe nettoierait en un jour ou deux toutes les traverses.

La commission de voirie ne peut-elle pas rendre au public ce premier service qu’il réclame à grands cris ?

La caisse civique est-elle tellement vide qu’elle ne puisse subvenir aux pressants besoins ?

S’il est prouvé que le manque de fonds est la cause unique et vraie de l’inertie de nos services publics les plus importants, nous ne saurions trop insister sur l’urgence de réformer complètement notre organisation municipale. Nous ne pouvons pas toujours rester ainsi dans le statu quo, dans l’ornière.

Qui aura assez de courage et de civisme pour attacher le grelot, grossir le budget, créer de nouvelles sources de revenus ?

La métropole du Canada ne saurait consentir plus longtemps à passer pour la ville le plus négligée, la plus malpropre, la plus misérablement administrée du continent.

 

L’illustration du nettoyage des rues avec un tramway est parue dans Le Monde illustré (Montréal) du 22 octobre 1892. On la trouve sur le site de la Bibliothèque et Archives nationales du Québec au descripteur «Rues — nettoiement».

No comments yet

Publier un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Vous pouvez utiliser des balises HTML de base dans votre commentaire.

S'abonner aux commentaires via RSS