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Henry David Thoreau le cheminant (1/2)

Comment présenter cet écrivain pour qui la vie est aussi importante que son œuvre, et partie de cette œuvre même ? Henry David Thoreau naît, vit et meurt de 1817 à 1862. À Concord, Massachusetts, et dans les environs. Il voyagera bien peu. C’est une période de grand changement, dans son pays comme partout ailleurs en Occident. Bientôt la vie ne sera plus conçue qu’en termes de production et de consommation.

Henry n’en veut rien savoir; il désire plus. La vie est précieuse, et courte. Plutôt que de s’assoupir dans la routine et l’habitude comme la majorité des humains, il veut aller au bout de la bête raisonnante qu’il est et jouir tout à fait de l’instant qui passe. «Par n’importe quel temps, dit-il, à n’importe quelle heure du jour et de la nuit, j’ai fait tous les efforts pour donner toute sa valeur au moment présent, pour le marquer d’une encoche sur mon bâton, pour m’arrêter debout au point de rencontre de deux éternités. Aucune méthode, aucune discipline, ajoute-t-il, ne peut remplacer la nécessité d’être toujours en éveil. Il n’y a jamais qu’une occasion de chaque sorte.»

Ainsi, il va, fort de cette conviction. La plupart du temps seul. «Comme on est seul à vivre ! s’exclame-t-il. Nous habitons le rivage et il n’y a personne entre la mer et nous.» Nous reparlerons de l’homme. Mais arrêtons-nous immédiatement à des extraits de son journal, choisis et traduits par R. Michaud et S. David : Henry David Thoreau, Journal, présentation de Kenneth White (Paris, Les Presses d’aujourd’hui, 1981, collection L’Arbre double, 219 pages). Florilège.

Nous allons inlassablement, chantant notre stance du poème et attendant la réponse d’une âme de même essence à travers l’espace.

C’est la présence qui fait le silence d’une chambre.

La vie d’un homme devrait être une marche solennelle au son d’une musique exquise, mais secrète.

Les hommes sont mes joyeux camarades, mes compagnons de pèlerinage qui charment le chemin, mais qui m’abandonneront au premier tournant de la route, car il y a une route sur laquelle personne n’ira aussi loin que moi. Chacun de nous marche à l’avant-garde. L’enfant le plus faible s’offre aux destinées aussi nu que ses parents. Les parents et les amis divertissent le jeune homme; ils ne peuvent se placer entre lui et son sort. C’est là le côté sans défense de chaque homme. Il n’y a pas de barrière; le champ s’étend devant lui découvert jusqu’aux bornes de l’espace.

La vie en nous est pareille à l’eau de la rivière : il se peut qu’elle monte, cette année, comme on ne l’a jamais vue faire, qu’elle inonde le haut pays — ce sera peut-être l’année mémorable — et que tous nos rats musqués soient noyés !

Matins d’automne où le sautillement d’innombrables passereaux sur le toit fait croire qu’il pleut au garçon qui dort dans le grenier.

C’est un grand avantage pour aborder l’étude de l’Homme que d’avoir longtemps étudié la Nature.

Soyez si peu distrait, gardez vos pensées si claires, vos rendez-vous si rares, votre attention si libre, votre existence si universelle, que, dans tous les lieux et à toutes les heures, vous puissiez entendre le chant du grillon dans la saison où il chante. C’est une preuve de sérénité et de santé d’esprit que d’entendre ce chant facilement.

La perception d’une vérité est toujours la découverte d’un rapport.

Mon métier est d’être toujours en alerte pour trouver Dieu dans la Nature, pour découvrir ses retraites favorites, pour entendre tous les opéras et les oratorios de la Nature.

 

Demain : une suite.

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