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Étonnement soudain après l’hiver

Aujourd’hui, j’ai marché mon grand terrain, revenu de son hiver. Je le connais tellement maintenant, je sais que c’est le meilleur temps pour le parcourir. Les grandes herbes obligeant à lever la jambe très haute ne sont pas encore là. Les insectes piqueurs non plus. Et le temps est doux. Sans vent.

Je suis resté d’abord si surpris d’apercevoir ces fines fleurs blanches, tellement délicates, qui ont traversé l’hiver et sa hauteur de neige sans rien céder de leur beauté. Décidément !

Il y avait aussi ce chablis, terre de vie. J’ai pu souvent vérifier que beaucoup d’êtres vivants se plaisent dans un milieu aussi bousculé. Et toujours j’ai refusé d’intervenir, ne sachant ce qu’il adviendrait de ce qui était advenu, sinon d’ajouter à la vie.

Et puis deux étrangetés, des propositions. L’une est un bout de branche morte, habillée en clown noir et blanc, dans un arbuste bien vivant et riche de bourgeons, me demandant d’où elle vient puisqu’aucun arbre ne se trouve à proximité de l’arbuste. L’autre, est-ce la lune elle-même tombée du ciel, condom pour branche d’arbre ou simple champignon ?

Aussi, un Junco ardoisé manifestement perplexe qui se demande où aller dans ce fatras, ce monde de galous. Tiens, il y a même un nouveau Tamia rayé qui s’ajoute aux deux autres connus, et ne semble guère plus rassuré que le junco.

Diable de diable, nous sommes tous là à nous interroger. Allons-nous dans la bonne direction ?

Ce riche milieu se compose de tellement d’occurrences, toujours. Il est si souvent une sorte de haut lieu de l’impossibilité discrète. Qui bientôt déstabilise juncos, tamias et humains.

Appelé autrement «miroirs magiques».

* * *

En reviendrai-je un jour du si grand paradoxe de cet endroit ? Un milieu qui ne vaut rien au sens des valeurs promues depuis longtemps, mais qui file et file sa vie noble, grande et riche, sous des dehors de rien. Il me semble comprendre que tous les vivants qui l’habitent, qu’importe la forme qu’ils ont, sont conscients de la brièveté de leur vie, et peut-être du caractère dérisoire de ce à quoi nous nous attachons.

Et quel pied-de-nez géant, mais tellement modeste. J’ai cessé d’applaudir à chaque fois que j’y suis, car j’effrayais les vivants qui s’y trouvent, se demandant quel mésadapté se manifestait soudain. Mais mon envie demeure. Toujours. Ma fille me disait, ayant compris, que j’applaudissais trop fort.

tamiaraye

2 commentaires Publier un commentaire
  1. Esther #

    Ce magnifique endroit est tout, sauf… une « nature morte »… Bientôt le grand « miracle vert » !

    30 avril 2014
  2. Jean Provencher #

    C’est certain, chère Esther, beaucoup de vies l’habitent. Et aucune n’est mon bien.

    1 mai 2014

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