Dénonciation du colportage
De tout temps au Québec, même sous le Régime français, on a détesté le colportage. Aussi cet article de L’Écho des Bois-Francs du 22 mars 1902 — Le colportage, une plaie — ne me surprend pas.
Le système de colportage dans les paroisses, le long des grandes routes en campagne et dans les faubourgs de nos grandes villes, est devenu un abus, que nous qualifions de calamité publique, et contre lequel l’on ne peut trop s’élever.
Ceux qui le pratiquent et qui se réclament du privilège de faire ce commerce, à la condition de s’être conformés aux exigences de la loi, ont perdu tout droit à la considération publique et, dans des cas malheureusement trop fréquents, se sont exposés à la vindicte des honnêtes gens, tout en échappant à la main de la justice.
Des individus de nationalité bizarre et tapageuse, des gens sans morale, nomades par goût plutôt que par nécessité, hommes et femmes, s’en vont le sac de cuir ou la boîte aux coins de fer sur le dos, se répandent par bandes organisées dans les campagnes, pénètrent dans les foyers, arrêtent les passants sur les grandes routes et débitent ainsi leurs marchandises de quatre sous. Le commerce est dit-on lucratif, nous n’en doutons pas, si nous tenons compte de la ténacité de ces gens et de l’empressement apporté à la sollicitation surtout par les colporteurs enjuponnés.
Outre que ces manœuvres louches et cette distribution de marchandises de qualité douteuse constituent une concurrence déloyale au commerce régulier et honnête de nos campagnes, elles comportent un germe de démoralisation, qui aidé de l’attraction malsaine du clinquant et de la naïveté de nos classes laborieuses et saines de nos campagnes, engendre bientôt le vice et la corruption.
Le temps est donc arrivé de déclarer une guerre sans merci à cette funeste invasion, et il est du devoir de toutes les municipalités rurales d’établir des règlements rigoureux et efficaces contre la propagation du mal.
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Et colporteur, quel métier ! La Patrie, du 1er avril 1898, rapporte qu’à Sainte-Anne-de-la-Pocatière, trois voyous «ont dévalisé un colporteur», lui volant sa montre et 20$ en argent. « Ils l’ont ensuite attaché à un rail de chemin de fer. Heureusement, cinq minutes avant le passage du train de fret, des hommes de la section ont aperçu la victime et l’ont tirée de sa périlleuse position. »