La si grande importance du prénom
Je suis bien prudent avec les analystes de toutes sortes : psychiatres, psychologues et autres travailleurs sociaux, car, en deux temps trois mouvements, ils vous déshabillent le poulet et trouve rapidement le bréchet.
Mais qui nous dira l’importance du prénom ? Pourquoi suis-je si déstabilisé lorsque quelqu’un se trompe de prénom à mon égard ? Je m’appelle Paul et voilà qu’il me nomme Claude. Je suis Marie et soudain elle me dit être Jacqueline.
Pourquoi avons-nous, l’espace d’un instant, l’impression qu’on met alors notre existence même en jeu et nous empressons-nous tout de suite, avant même de poursuivre la conversation, de corriger ? Nous sommes d’étonnantes bêtes. Après tout, un prénom n’est qu’un prénom. Ailleurs, dans la Nature, il n’y a pas de prénoms. Je vois, par exemple, deux papillons identiques qui butinent côte-à-côte deux fleurs identiques. Et chacun va sa vie… sans se questionner sur son caractère unique. Sans s’inquiéter. Vraiment, nous sommes, nous, de bien drôles de bêtes.
Ce cher Jacques Prévert, qui a beaucoup joué avec les mots, a sûrement réfléchi à ce sujet. Quelque part, il doit bien nous démolir cela en criant ciseau.
Allez, il me faut retourner à Prévert.
Oh, vous vous baladez, mon cher Jean, sur un terrain plein de significations riches et profondes. Sans aller jusqu’à la psychanalyse, les psychogénéalogistes attachent une très grande importance aux prénoms. Ils affirment aussi que si on n’aime pas son prénom, c’est que l’on a de bonnes raisons transgénérationnelles et que nous avons le droit de le changer. Combien d’enfants portent par exemple le nom d’un petit frère décédé en portant aussi le lourd fardeau de remplacer le pauvre disparu. Sa vie est liée à jamais à ce petit frère qu’il n’a même pas eu la joie de connaître. Il est très intéressant d’y réfléchir mais attention, faites-vous guider par des professionnels pour que vos recherches aboutissent en vous renforçant dans votre identité, dans vos ressources et dans la liberté de choisir vraiment ce que vous voulez devenir! Sans jamais oublier à quel point nous sommes tous uniques et à quel point nous avons le pouvoir de nous libérer du destin de nos familles. Une mine de découvertes, je vous le dis! Et aussi une grande source de libération! Voyez:
http://www.retrouversonnord.be/psychogenprenom.htm#Saints
Ô merci beaucoup, chère Léna. Je vais aller voir cette piste que vous nous indiquez. Il me faut vous dire que je porte moi-même le nom d’un grand frère décédé, imaginez donc. Décédé trois ans avant mon existence. Il vécut six heures et devait être l’aîné. Mon père l’a baptisé dans l’évier de la cuisine, mais a oublié de lui donner le prénom que mes parents avaient choisi pour ce premier enfant, si c’était un garçon : Jean. Nous fûmes huit à suivre, dont un autre enfant décédé avant terme. Et, dans la famille, nous avons toujours parlé de ce garçon, premier de famille, sous le nom d’Anonyme. Et c’est moi, premier garçon à naître après lui, qui porte le nom de ce cher Anonyme inconnu. Cela dit, ça va pas mal, merci. Je n’ai jamais détesté ce prénom, parce que trop lourd à porter ou autrement. D’ailleurs, mon vrai prénom est Joseph Jean Rodolphe. Le dernier pour mon grand-père Provencher que je n’ai pas connu non plus. Rod pourrait très bien m’aller, vous savez. Pourquoi pas, s’il faut avoir un prénom. Mais pas en anglais. Rudolph. Ah non. Vous me voyez porter le prénom d’une chanson de Noël pour la vie ? Le Petit Renne au nez rouge ? Ah ça, non. Là, je devrais passer chez quelqu’analyste pour qu’il me déshabille le poulet ! Ce serait déjà mieux que Jingle Bells Provencher. Mais enfin. Tout bien pensé, je crois que je vais retourner à mes deux papillons identiques, à la vie bien courte, quelque chose comme un mois et demi, mais qui ne se mettent pas martel en tête au sujet de leur identité. Quelle vie !