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Retour du peintre Edmond Dyonnet après des études en Europe

À la fin du 19e siècle — étonnamment, car c’est fait nouveau en histoire — il semble qu’à l’école, la peinture va bientôt succéder à la musique. Le journal Le Trifluvien, par exemple, écrit le 5 janvier 1889 :

On le sait, la peinture est sur le point de remplacer la musique dans l’éducation de la jeunesse et surtout des jeunes filles. Dans quelques années, il sera presqu’aussi nécessaire d’être peintre qu’il l’est d’être musicien. À Montréal, l’on se livre déjà avec ardeur et courage à l’étude de la peinture. Dans un certain nombre de maisons d’éducation, la peinture fait partie des matières d’enseignement.

À Trois-Rivières, on est très arriéré sous ce rapport. Peu ou presque point d’efforts ont été faits dans l’enseignement de la peinture. L’on pourrait à peine compter quelques jeunes filles qui peuvent tenir un pinceau.

 

Quoi qu’il en soit, on sent chez certains jeunes un appétit pour la peinture, au point où quelques-uns sont prêts à s’endetter pour aller étudier en Europe. Lorsque cela nous est possible, on le signale sur ce site.

À peu près au moment où Suzor-Côté et Henri Beau gagne l’Europe, en voici un qui revient de là-bas, Edmond Dyonnet. Après une mise en situation, L’Étendard du 11 décembre 1890 lui consacre quelques lignes.

Depuis quelques années, le goût des beaux-arts s’est bien développé parmi nous, mais notre jeune continent manque des sources de l’idéal et si nos jeunes amateurs veulent se perfectionner, ils sont forcés de passer aux écoles traditionnelles de l’Europe. C’est là seulement qu’on trouve la science de l’esthétique. Malheureusement, il n’est pas donné à chacun de pouvoir se payer le luxe d’un voyage et d’un séjour de plusieurs années par delà l’Océan, qu’exigent les études normales de la peinture. […]

De l’aveu même des artistes, on ne devient excellent peintre qu’en étudiant les différents genres de peintures sous les maîtres d’une école, car il n’y a que là que l’on puisse approfondir les méthodes et les traditions de cet art vaste comme le monde.

Parmi nos jeunes émules de la palette qui sont allés demander les règles de l’inspiration aux grands maîtres de l’Europe, nous signalerons M. Edmond Dyonnet. Il a fait le cours normal de l’étude de la peinture dans les écoles de beaux-arts, c’est-à-dire quatre ans révolus. Il a passé ce laps de temps dans différentes écoles d’Italie, les premières du monde pour le coloris. Ce monsieur vient de nous revenir prêt à exécuter tous les genres qu’on voudra bien lui confier, c’est-à-dire toutes espèces de tableaux religieux et profanes dans le genre historique et fictif, ainsi que le paysage et le portrait.

M. Edmond Dyonnet a son atelier au Temple Building, rue St Jacques.

 

Une biographie de Dyonnet nous dirait ce qu’il vit alors à son arrivée. Chose certaine, ce n’est sans doute pas facile pour qui démarre une carrière de peintre à ce moment. On le voit ici dans ce texte qui s’apparente à une publicité, on le dit «prêt à exécuter tous les genres qu’on voudra bien lui confier». Voilà donc la rançon du travailleur autonome.

On trouvera ce tableau d’Edmond Dyonnet (1859-1954) peint en 1920 par G. Horne Russell, et provenant du Musée des beaux-arts du Canada, sur la page Wikipédia consacré à ce peintre.

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