L’importance du feu de camp

Qu’importe la circonstance, le feu de camp nous fait sans doute remonter à 50 000 ou 100 000 ans. On dirait quelque chose qui touche à la préhistoire lointaine. Et nous avons toutes et tous garder en mémoire nos feux de camp.

Ici, la journaliste Alessandra Moro Buronzo se trouve dans les Alpes italiennes à 1 500 mètres d’altitude. Elle a le mandat de faire un reportage sur le centre équestre Silverado. Chaque personne a passé la journée avec un cheval. Le propriétaire des lieux Renato Riccardi cause avec la journaliste de nature et il en vient au feu de camp.

Les événements naturels ont un sens et nous permettent d’aller à la découverte de nous-même. Un feu de camp, par exemple, allumé le soir, après avoir monté sa propre tente, à la fin d’une journée de voyage, devient un moment intense. Tout le monde se réunit autour de la source de chaleur et partage une émotion commune.

Au début, personne ne parle, les regards sont attirés par les flammes, la couleur, la chaleur, et ensuite le silence se brise et, comme par magie, tout le monde retrouve la parole. Des dialogues se noue, mais le volume des voix ne s’élève pas vraiment, comme si tout le monde respectait l’espace qui entoure le groupe.

Il arrive souvent que des voix se cassent à cause de l’émotion, car les récits ne sont jamais anodins ou banaux. La communication est vraie ; elle surgit du plus profond de l’âme et prend tout son sens, grâce au support de la nature et du cheval. Les hommes et les femmes autour du feu se racontent avec vérité, en laissant tomber les masques habituels, comme ils pourraient le faire face à un ami de longue date.  Une communication différente prend forme, très loin de celle qu’on a coutume de voir dans nos vies, où tout le monde parle, mais où personne ne communique.

Alessandra Moro Buronzo, Savoir écouter les chevaux, Une expérience sensible de la nature, Gap, Éditions Le Souffle d’Or, 2019, p. 59.