Qui se souvient du village de Sarosto ?

Il s’agit d’un des premiers lieux colonisés dans les terres derrière Lévis, au sud du fleuve Saint-Laurent. À vrai dire, c’était le Troisième Rang du fief de Saint-Vilmay, entre le rang Coutance, le deuxième, et le rang Brise-Culotte, le quatrième.

À quelques jours des Fêtes, on  était parfois victime de vols dans le Sarosto, comme à Pintendre d’ailleurs. La vie n’était pas facile à cet endroit ; des gens de condition modeste étaient victimes de vols de la part, sans doute, de personnes de condition modeste.

À la veille des fêtes, il y a certaines personnes qui aiment à se faire des provisions.

Nous avons raconté, il y a une couple de jours, les deux vols de viande, volailles, etc., commis à Pintendre et au village de Sarosto. Hier matin, M. Deschamps, qui s’était fait voler une cinquantaine de volailles, fut abordé par son voisin, M. François Couture, qui le nargua un peu de ce qu’il avait été volé.

Mais, ce matin, M. Couture s’aperçut, à sa grande surprise, qu’un lard pesant 300 livres [quelque 136 kilos] lui avait été volé dans son hangar.

Il y avait là seize lards prêts pour le marché, mais l’on ne put en enlever qu’un, les voleurs ayant sans doute craint d’être surpris.

Depuis quelque temps, les gens du voisinage aperçoivent la nuit sur le chemin du Roé, comme on dit, une lumière.

Si un homme du voisinage sort pour voir ce qui se passe, immédiatement la lumière disparaît. Autrefois l’on aurait cru aux feux-follets, etc., mais depuis le monde a marché et les personnes du voisinage se disent qu’il y a là plutôt un truc de voleur pour avertir ceux qui sont à la veille de faire leur coup.

Hier soir, les voleurs n’ont enlevé qu’un porc. Ils ont sans doute préféré n’en enlever qu’un que de se faire prendre sur le fait.

Il est question chez les gens du voisinage de faire la garde la nuit, et malheur à celui ou ceux qui seront pris en flagrant délit.

Le Soleil (Québec), 15 décembre 1898.

La poule et ses poussins sont ceux de mon ami Claude à Saint-Gilles.