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Voilà bien longtemps que nous cherchons à prévoir le temps

Soyons bon joueur, on arrive mieux aujourd’hui qu’il y a cent ans à prévoir le temps pour quelques jours d’affilée.

Mais, en 1910, le directeur du Bureau central météorologique de France, M. Alfred Angot (1848-1924), disait « Demandez-moi le temps qu’il fera ce soir ou demain. Je vous le dirai peut-être en m’appuyant sur les variations barométriques et thermométriques mais je n’irai pas plus loin, et je ne crois pas que dans l’état actuel de la science, on puisse raisonnablement demander davantage. »

Mais quels sont alors les éléments à rechercher pour arriver à prédire le temps ? Un article non signé, provenant sans doute de France, y va de la réponse suivante :

Ces éléments, disons-le franchement, on ne les connait pas tous. Les uns admettent sur les perturbations atmosphériques l’influence du Soleil et de la Lune, les autres la repoussent.

Les taches solaires, suivant leur plus ou moins grand nombre, jouent d’après des hommes d’un haut mérite un rôle prépondérant dans les variations du magnétisme terrestre, la température terrestre, etc. L’illustre [François] Arago [1786-1853] n’était pas loin de croire que notre satellite la Lune, d’après sa position dans l’orbite qu’elle parcourt autour de notre terre, pouvait déterminer de fortes marées atmosphériques, analogues aux marées maritimes.

C’est même pour sa hardiesse d’idées qu’Arago est considéré par un grand nombre de savants qui, certes, ne le valent pas, à beaucoup près, comme un homme peu sérieux, c’est-à-dire comme un vulgarisateur !…

À la suite d’Arago, il faut bien l’avouer, de nombreux prophètes du temps naquirent et bombardèrent, c’est le mot, de leurs almanachs, les populations de toutes les provinces de France. Le plus célèbre de ces almanachs est celui du fameux Mathieu de la Drôme [1808-1865]. Son fondateur est mort, mais son œuvre lui survit !…

Tout est-il faux dans ces petits livres, d’ailleurs très intéressants à d’autres titres ? Non, peut-être. Les pronostics qu’ils contiennent sont basés sur des relevés comprenant de longues périodes ; or, si on ignore les causes qui président aux variations de température, d’humidité d’une année à l’autre, on constate au moins leurs effets, et il est fort possible que parfois les almanachs prédisent juste.

Il n’en est pas moins vrai qu’actuellement au moins on ne possède que peu de données sur le problème qui sollicite tant de chercheurs. […] Disons donc en terminant que si le problème n’est pas résolu, il le sera un jour. Et, en attendant, feuilletons les almanachs !…

 

La Patrie (Montréal), 15 janvier 1910.

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