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Notion d’un incompétent sur les bactéries en regard des organismes multi-cellulaires

On dit les bactéries appartenant au monde des cellules procaryotes et les organismes multi-cellulaires à celui des cellules eucaryotes. Au départ de la vie sur notre Terre, voilà 3 600 millions d’années, il n’y aura que les procaryotes, des êtres vivants sans noyau, non spécialisés. Arrêtons-nous à ce monde qu’il est difficile de concevoir.

Longtemps, ces êtres vivants filaient leur chemin absolument seuls, isolés les uns des autres, incapables de former des tissus ou des organes. Mais, globalement, les bactéries, toujours présentes aujourd’hui, bien sûr, « n’en constituent pas moins un ensemble biologique capable de solidarité, unifiées par certaines fonctions communes ». Et ces fonctions d’ensemble sont basées sur des mécanismes qui ne se comparent pas avec les organismes pluri-cellulaires, les eucaryotes, qui viendront plus tard.

Les bactéries, pourtant indépendantes, s’échangent des molécules d’information et de communication, contenant l’information d’un trait héréditaire, par exemple. « La solidarité de toutes les bactéries, facteur essentiel de leurs fonctions supérieures, est due à la disponibilité des gênes de toutes les autres bactéries. De ce fait, leurs cellules isolées agissent comme si elles étaient reliées à une sorte de cerveau commun évidemment inconscient et dispersé. Tout se passe comme si elles avaient un ordinateur biologique à leur disposition. »

Étonnamment, elles peuvent évoluer à l’inverse des lois identifiées par Charles Darwin, réversibles si nécessaire, grâce à leur solidarité génétique, ce qui « leur a conféré une continuité exceptionnelle, depuis leurs très lointaines origines qui se situe aux tout premiers débuts de l’apparition de la vie sur la Terre ».

Au sens biologique, contrairement aux êtres multicellulaires, il n’existe pas d’espèces chez les bactéries. « Ceci s’oppose à la spécialisation des eucaryotes, basée sur leur isolement génétique et lourde de conséquence, dont la disparition de nombreuses espèces.

Toute cellule bactérienne héberge de deux cents à mille fois moins de gênes qu’une cellule eucaryote. Elle a, cependant, sur celle-ci l’avantage de pouvoir recourir toujours, même si elle le fait rarement, aux innombrables gènes de toutes les autres bactéries, aussi diverses soient elles. […] Tout gêne bactérien apportant une information temporairement favorable sera disséminé parmi de nombreuses souches et se multipliera, ainsi, de façon préférentielle.

Allons-y maintenant d’une pause. Un jour, nous aborderons le mariage entre les uni-cellulaires et les multi-cellulaires.

 

Tous les passages en italique proviennent de l’ouvrage de :

Sorin Sonea (1921-2017) et Maurice Panisset (1906-1981), Introduction à la nouvelle bactériologie, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, Paris, Masson, 1980, p. 9-11.

Monsieur Maurice Panisset est décédé, malheureusement, l’année de la parution de son livre. Et nous, l’année dernière, en 2017, sauf le département de microbiologie de l’Université de Montréal, nous avons échappé le décès de ce grand microbiologiste d’origine roumaine, Sorin Sonea.

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