De nouveau, retour à Albert Lozeau
Ce poète québécois est présent sur ce site depuis le début. Il décède bien jeune, en 1924, à 46 ans. Je possède plusieurs livres de cet auteur. Et, étonnamment, dans celui-ci, publié une année après son décès, aucun nom d’éditeur n’apparaît. Déjà paru en 1912, peut-être était-il épuisé en 1925 et on s’est empressé de le rééditer ?
Le poète avait dédié ce livre ainsi à Louis Fréchette, alors décédé. Et voici le prologue qu’il proposait :
Prologue
Quand la fenêtre est close et que tout bruit s’éteint,
Écoute de ton cœur monter la voix suprême ;
Ta musique est en lui, c’est là qu’est ton poème,
Comme les fleurs et les oiseaux sont au jardin.
Écoute. Pour saisir l’écho de ton destin,
Attentif, penche-toi longuement sur toi-même ;
Le cœur que Dieu t’a fait, qu’il haïsse ou qu’il aime,
Heureux ou malheureux, contient le genre humain.
Poète, ta douleur ne t’est pas personnelle ;
Ton âme souffre : hélas, des millions comme elle
Pleurent sans révéler au monde leur tourment !
Tous les cœurs sont pareils qui palpitent, en somme ;
Dis le tien, tu diras celui des autres hommes
Dans un morceau d’azur luit tout le firmament !
Albert Lozeau, Le Miroir des Jours, II, Montréal, 1925.