Que la condition de têtard est exigeante !
Une mare est une étendue d’eau de faible surface et de peu de profondeur alimentée seulement par la neige fondue et la pluie. Mes Grenouilles des bois aiment ma mare, car aucun poisson ne peut y manger leurs œufs. Sitôt après la ponte, mes amphibiens adultes sortent vivre sur la terre ferme et leurs larves sont laissées à leur sort.
Et commence la dure lutte pour la vie de ces centaines de très jeunes têtards. Ceux-ci, à peine pondus voilà trois jours, s’activent déjà dans le magma. L’image le montre bien.
Voilà leurs heures comptées, le début de la course pour atteindre une certaine pérennité. Il leur faut au moins deux mois pour traverser chacune des étapes de la vie de têtard et atteindre l’état de grenouille adulte qui leur permettrait de sortir. Et chaque jour ensoleillé, accompagné de vent, « boit » littéralement, à petites doses, l’eau de la mare. Ils ont à se battre, heureux dans l’eau pourtant, contre l’univers.
Je les ai tant observés vivre. Il fut un temps où j’apportais des seaux d’eau pour défier avec eux ce qui m’apparaissait le mauvais sort.
Car seulement ceux dont le développement sera le plus rapide, et aidé de jours de pluie, arriveront à sortir et gagner mes bois. Ils ne seront que quelques-uns. À la vérité, la plupart mourront de l’assèchement de leur lieu de naissance.
La vie a vraiment quelque chose d’une loterie pour les têtards.
Sur le têtard et d’autres qui profitent de la mare, voir ces billets.