Un jeune Franco-Américain souhaite être élu à la Législature du Massachusetts
Que sait-on de la vie quotidienne des Franco-Américains de la Nouvelle-Angleterre à la fin du 19e siècle ? Bien peu. Enrichissons nos connaissances.
Déjà conseiller municipal à la ville de Lowell, né en 1877 à Berlin Falls, New Hampshire, Joseph Légaré a fréquenté les écoles publiques de sa ville natale, «où il gradua avec les plus grands honneurs». Bientôt, il s’établit à Lowell, et entre à l’emploi de Thomas H. Elliott, courtier immobilier. «Là encore, par son travail et son affabilité, il se créa un grand cercle d’amis et, en 1897, à 20 ans, il ouvrit un bureau pour lui-même où ses affaires honnêtes et bien conduites lui ont valu le succès qu’il méritait.»
«M. Légaré est de la phalange des jeunes Franco-Américains qui ne laissent pas passer aucune occasion de revendiquer nos privilèges et sans faire valoir les droits que nous avons su acquérir par la naturalisation.
«Il y a deux ans, les électeurs du quartier sept le portèrent candidat au conseil de ville et là, comme toujours, il sortit vainqueur en tête du ticket. Deux années consécutives au conseil ont prouvé que les électeurs n’ont pas été trompés dans leur attente. Il a su gagner la confiance de ses confrères du gouvernement municipal et grâce à ses efforts on a vu construire la rue Aiken et améliorer les rues de la section canadienne, et c’est encore par ses efforts que le conseil vient de voter le pavage du haut de la rue Merrimack. […]
«Notre correspondant a eu une entrevue avec M. Légaré et voici ce que le candidat dont nous vous avons parlé aujourd’hui lui a dit : «Je me présente sur les instances de mes amis, les jeunes républicains canadiens-français, les jeunes républicains américains. Je sais que je suis jeune encore dans la politique; mais quoique moi-même enfant de la libre Amérique, je me rappelle ces vers du fameux auteur français : «La valeur n’attend pas le nombre des années» [Dom Rodrigue, dans Le Cid, de Pierre Corneille, 17e siècle]. Non que je veuille me donner comme valeureux, mais je prétends au moins avoir le courage de mes principes comme j’ai celui de mes actions, et je veux démontrer aussi la confiance que j’ai en mes amis. […]
«Si M. Légaré est élu, c’est un triomphe pour l’élément franco-américain et tout succès de ce genre est un pas de plus d’influence gagnée sur ce terrain accidenté de nos destinées nationales en Amérique.»
La Patrie (Montréal), 26 août 1902.