L’hiver n’est pas fini !
Pendant plusieurs semaines, nous avions joui d’une si douce, si printanière température…
que nous attendions nullement les fortes bourrasques de dimanche et celles d’hier. Cette dernière surtout a recouvert notre ville sous une véritable avalanche […] Le vent soufflait à une vélocité extraordinaire et la neige soulevée par nuages épais s’est amoncelée en certains endroits à des hauteurs extraordinaires. Heureusement, le thermomètre n’est pas descendu bien bas.
Hier soir, la tempête sembla redoubler et il était complètement impossible de se transporter en un lieu quelconque de la ville par tramway. Ceux qui, leur journée terminée, se disposaient à se servir d’un de ces véhicules ont vu leur attente déçue, et bon gré, mal ré, il leur a fallu se rendre pédestrement à leur résidence, souvent fort éloignée. […]
Les cochers, heureux de cette manne qui leur tombait du ciel, ne consentaient à transporter le voyageur harassé qu’en chargeant des prix très rémunératifs. Plusieurs personnes âgées, épuisées par une marche forcée dans des sentiers si peu propices, se sont affaissées dans la neige et on a dû les transporter dans des maisons pour les y laisser reposer. […]
La compagnie des tramways avait hier engagé tous les hommes disponibles pour faire déblayer la voie, car, malgré le travail persistant des balayeuses, la poudrerie remplissait la voie. […] Durant toute la journée, hier, on s’est servi de 18 balayeuses. À 5 heures p. m.. 8 de celles-ci étaient enneigées. […]
Les autres rues qui sont obstruées et absolument impraticables seront déblayées également par les soins du comité des chemins.
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Trois-Rivières. Forte tempête de neige depuis hier. Il est tombé environ 4 pieds de neige [plus d’un mètre].
Québec. Il neige et il vente ici depuis hier soir, et la tempête se continue.
Pierreville. Tempête de neige depuis mercredi soir ici. La neige est amoncelée sur une hauteur de quinze pieds [plus de 4 mètres et demi]. En certains endroits, les chemins sont complètement bloqués. Les communications sont interrompues. Pas de malle aujourd’hui. […]
Sorel. La tempête est la plus forte dont on ait souvenir. La ville est enneigée, la circulation est impossible; la rue Augusta, depuis la rue Phipps, et tout le petit fort sont littéralement ensevelis. Il a fallu découvrir les maisons enfouies sous la neige pour permettre aux habitants de sortir. Les piétons passent à la hauteur du premier étage des maisons.
La Patrie (Montréal), 2 mars 1900.