Un mariage syrien à Trois-Rivières
La communauté syrienne à Trois-Rivières remonte au début du 20e siècle. Moi qui ai habité la ville pendant 20 ans avant de quitter pour l’université en 1964, j’ai pu constater que les Syriens étaient fort bien intégrés à la population locale, parlant français comme vous et moi, jouant au baseball dans le «champ des tours» — sous les pylônes d’électricité — apparaissant dans les équipes de hockey, etc.
Ils faisaient tellement partie de nous que jamais nous n’avons pensé leur demander d’où ils venaient.
Dans mon quartier, en particulier, ils étaient nombreux, habitant ça et là. Les Khouri, les Barakett, les Salhany, les Boumansour, les Aboud, les Hanna, les Attala. D’ailleurs, tout juste devant chez moi, je me souviens bien du vieux monsieur Aboud. Et de Dicky et Bobby Boumansour, à quelques portes de nous.
Et voilà que, dans La Patrie du 7 janvier 1903, je retrouve mes Syriens de Trois-Rivières.
Pour la première fois depuis sa fondation, je crois, notre ville a été témoin d’un mariage syrien. Comme nous n’avons pas de prêtre syrien en cette ville, le Rév. George Chamy, de Montréal, est venu faire l’union de Marie-Louise Aboud et Camille Carry.
La bénédiction devait se faire à la cathédrale, mais, vu l’impossibilité du Rév. George Chamy de venir plus tôt, la bénédiction a eu lieu à la résidence de la mariée, au No 42 rue Badeaux, le soir. La cérémonie commencée à 9hrs p. m. ne se termina que vers 10 heures.
Un autre Syrien, Philippe Charby, a profité de la visite du Rév. Georges Chamy pour faire baptiser son enfant né depuis un mois et qui reçut le nom de Joseph.
Dans Le Devoir d’aujourd’hui, 4 janvier, en page 3, il y a une entrevue de Sarah R. Champagne avec François Crépeau, prof de droit à l’Université McGill à Montréal et rapporteur spécial de l’ONU pour les droits de l’homme et des migrants.
Dans le cadre de ce dernier travail, celui-ci a visité des camps de migrants à plusieurs reprises depuis 2011. L’article de Madame Champagne se termine ainsi :
De ses visites, il ne retient toutefois pas que les piètres conditions de détention et les violations des droits des migrants. « Ce que j’ai senti partout, c’est la résilience. Les migrants sont déjà sortis des centres de détention dans leur tête, ils sont en avant de nous, ils sont entrepreneurs. Et c’est ce qu’ils font bien, prendre des risques et démontrer leur courage, ce que je trouve extrêmement inspirant. »
Chose certaine, les Trifluviens d’origine syrienne furent de bons entrepreneurs.
L’illustration provient de la page de Développement et Paix, Crise des réfugiés.
Il y a peut-être ici erreur au sujet de ce George Chamy. Il pourrait plutôt s’agir du père Pierre Chamy, qui accompagna les Syriens de la première heure à Montréal à la fin du 19e siècle et au début du 20e.