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Dormir à la belle étoile

les parcs la nuitPourquoi les responsables des parcs urbains ont-ils si peur qu’on y dorme la nuit? Ici, l’histoire se passe à Montréal.

Le recorder Weir [le juge de ce qu’on appelle aujourd’hui la Cour municipale] a acquitté M. William Black, fils de l’ex-trésorier de la cité de Montréal, qui avait été arrêté par un constable sous l’accusation d’avoir dormi pendant la nuit sur un banc du square Viger.

M. Black raconte qu’étouffant de chaleur dans sa chambre, il était allé au square Viger goûter un peu de fraîcheur et qu’il s’était endormi sur un banc. Un constable le tira de son sommeil et lui ordonna de circuler. M. Black refusa et le policier l’arrêta.

Le constable dit que M. Black était paisiblement assis, mais paraissait légèrement en état d’ébriété.

Ce témoignage est corroboré par trois constables.

Le recorder, en rendant son jugement, cite les règlements de la municipalité, qui défendent à quiconque de dormir en plein air, dans les rues, les ruelles, les cours, les hangars, etc., mais le règlement reste muet sur le sujet des parcs. Il faut en conclure que la tolérance de la police est dans l’ordre.

«D’ailleurs, dit le recorder, il serait insensé de défendre à un citoyen qui étouffe de chaleur, chez lui, de rester enfermé plutôt que de chercher la fraîcheur autour des plates-bandes des squares. Durant les dernières chaleurs de la grande ville de New-York, 15,000 personnes se portèrent sur le bord de la grève et y passèrent la nuit, reposant sur les galets. Les journaux de New-York furent unanimes à conseiller au peuple de suivre l’exemple de ces personnes.

«Ce n’est pas une offense que de s’enivrer, si la paix publique n’en est pas troublée.»

M. Black est acquitté et les constables se retirent confondus.

À Ottawa, la police est sans pitié. Après dix heures, elle chasse des terrasses les gens qui s’y installent pour prendre le frais.

La décision du coroner Weir pourrait bien avoir des résultats qui se feraient sentir jusque dans la capitale fédérale.

 

La Patrie (Montréal), 13 juillet 1901.

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